Saturday, August 27, 2011

L’Accalmie




J’ai retrouvé mes insomnies. Ce n’était donc que les antibiotiques qui me donnaient sommeil à mourir… J’aimais bien ça. J’aimais bien sentir que la vie est une maladie, finalement. Je prospectais de ne vivre qu’un jour sur deux, quelqu’un l’a remarqué. J’ai retrouvé l’angoisse des nuits (à Paris : la société). Il y a donc des accalmies. Je suis allé au marché. Le poissonnier (on se connaît depuis cent ans, mais nous ne vieillissons pas) était bronzé, « Eh bien, comme vous ! » Au café, au soleil, j’ai bavardé avec Audrey. J’adore cette fille. Elle n’est pas sans problème, en ce moment. Mais mon grand âge (et son intelligence) me permet de l’entretenir de la relativité du temps. (Ah, tiens, il y avait une phrase que j’ai voulu lui dire, à un moment, et qui a passé, c’est François Mitterrand qui disait : « Parfois le temps est galant homme. »)

Je vais partir, partir de Paris néanmoins, je me suis arrangé. J’ai un compte EasyJet et je repère des billets pas chers que j’achète à l’avance. Je ne faisais pas ça avant, parce que le travail – éventuel – avait la priorité. Mais je suis en froid avec le travail (depuis la première annulation du festival le Far). Donc je m’en fous, maintenant, je me tire. Je voyage sur EasyJet, je loge en auberge de jeunesse, c’est comme ça. J’accepte tout plan de maison – gratuit ou pas cher – à la campagne, à la mer ou à la montagne – à l’étranger, c’est encore mieux. Je veux bien m’occuper des animaux. Des enfants. Des plantes. (Que des choses pas commerciales, comme dit la chanson.) En attendant, après Yverdon (mardi mercredi), Marseille (jeudi vendredi), Venise, de dimanche à jeudi. Puis un peu de répétitions à Paris si j’arrive à me botter le cul. (Dois-je revoir un psy ? j’ai peur de ne plus jamais rien faire – une confiance s’est cassée depuis l’annulation de 1er avril…) Puis Berlin, du 16 au 21. Je garde un peu de temps pour faire quelque chose à actOral, si jamais. Mais en octobre, ça recommence – et, là, rien de prévu, il faudrait que je parte plus longtemps.

Maintenant Paris est doux, est libre, est fragile. Maintenant Paris est libre. Audrey m’a demandé si j’étais toujours amoureux de Pierre. Ah, oui, je suis toujours très, très amoureux de Pierre. Alors pourquoi vous ne pouvez pas être ensemble ? J’ai expliqué pourquoi. La sexualité « abominable » de Pierre. Je redis ce mot (bien sûr, c’est un gag) parce que, après l’avoir écrit à propos de Pierre, il y a quelques temps, je l’ai retrouvé dans Saint-Simon : « un goût abominable », à propos aussi de l’homosexualité de Monsieur, le frère du Roi. J’étais bien content d’avoir plagié sans le savoir Saint-Simon ! Il faut toujours revenir aux sources. (A l’heure où on nous demande de lire toute une invasion de romans de rentrée*.) Désolé de faire réac, mais qu’est-ce qui est neuf ? Saint-Simon. Céline. Montaigne. Rabelais. Par exemple. A ce propos, une phrase de Chamfort que j’ai trouvée hier : « La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus la veille. » Ça, c’est beau... C’est juste, mais c’est beau – et c’est ce qui fera la beauté de ces livres de la rentrée. Si seulement... Il faudrait que ce soit encore plus vrai. Les éditeurs ralentissent – à tort ou à raison – la vraie vitesse, celle d’Olivier Steiner. Et, moi, ma vitesse, quand la retrouverai-je ? Celle des spectacles sublimes arrivés en fraude et disparus aussi vite, planète Melancholia, arche de la parole, débris du vent… Ô mes acteurs, ô mes théâtres, vous avez tous le ciel immense d’un même et multiple pays…

Sur la société, Chamfort dit aussi – il faudrait que je le lise, ça me réconcilierait – : « Les fléaux physiques et les calamités de la nature humaine ont rendu la société nécessaire. La société a ajouté aux malheurs de la nature. Les inconvénients de la société ont amené la nécessité du gouvernement, et le gouvernement ajoute aux malheurs de la société. Voilà l’histoire de la nature humaine. »

Et puis, pour finir aujourd’hui le jeu des citations (et me mettre au travail ?), deux de Jean-Marie Hordé (un article dans « les inRocKuptibles ») : « L’art divise avant de rassembler. » et « Fonder une politique culturelle sur la demande, « c’est renoncer à un principe fondamental : comprendre que ce qui assemble diffère de ce qui est déjà assemblé ». » Il est vraiment pas con.






(Cliquer sur le titre pour de la jolie musique.)
* « C’est le million d’têtards qu’il y a tous les ans qui fait qu’ça marche », dit Louis-Ferdinand Céline.

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2 Comments:

Anonymous 25/8 of love said...

Ça me ferait caguer de vous voir bosser dans le cadre d'Actoral.
Ça me ferait caguer de vous voir à Marseille tout court.

5:24 AM  
Blogger Marie-Noëlle Genod, le dispariteur said...

Et qui vous êtes ? (Si vous voulez que je vous évite...)

6:15 AM  

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