Thursday, September 08, 2011

La Ruelle mal assortie, de Marguerite de Valois




Aïe, je n'ai eu ton message qu'aujourd'hui, je ne m'étais pas connecté depuis vendredi.
Un peu dur en ce moment de tout mener de front. Je suis en bonne voie pour Lille, mais les jeux ne sont pas encore faits.

Pour le baiser, je ne voyais rien a priori. Mais quand même, il y a un de mes textes préférés (de toute la littérature) : La Ruelle mal assortie, de Marguerite de Valois. C'est un court dialogue entre une reine et un rustre. Elle le prend dans les filets de ses discours savants et séducteurs, et lui n'y comprend rien. Elle s'énerve et finit par admettre qu'après tout, ce n'est pas des beaux discours qu'elle attend de lui, mais les plaisirs de la chair, et ça se termine comme ça :

« Voilà bon galimatias ; il faut confesser qu'il n'y a pas grand peine à vous faire déclarer une beste, advouant que j'ai tort de vous faire parler, puisque vous avés trop plus de graces à vous taire ; et faut occuper desormais vostre bouche à un autre usage, et en retirer quelque sorte de plaisir, pardonnant à la nature qui employant tout à polir le corps, n'a rien peu réserver pour l'esprit. Gardés ce beau langage pour vos maitresses et le silence pour moy ; et tandis que cette ruelle est vuide de ces fascheux qui viendront bien tost interrompre mes contentemens, je veux tirer quelque satisfaction de cette muette qui ne respond point ; et n'en pouvant arracher des paroles, j'en veux au moins tirer quelque autre douceur. Approchés vous donc, mon Peton, car vous estes mieux pres que loing. Et puisque vous estes plus propre à satisfaire au goust qu'à l'ouie, recherchons d'entre un nombre infini de baisers diversifiés, le quel sera le plus savoureux pour le continuer. O ! qu'ils sont doux et tout maintenant assaisonnés pour mon goust ! Cela me ravit, et n'y a sur moy petite partie qui n'y participe, et où ne furette et n'arrive quelque estincelle de volupté. Mais il en faut mourir ; j'en suis toute esmue et en rougis jusque dans les cheveux. O ! vous excedés vostre commission, et quelqu'un s'en apercevra de cette porte. Eh bien ! vous voilà enfin dans vostre element où vous paroissés plus qu'en chaire. Ha ! j'en suis hors d'aleine et ne m'en puis ravoir ; et me faut, n'en deplaise à la parole, à la fin advouer que, pour si beau que soit le discours, cet ebatement le surpasse ; et peut on bien dire, sans se tromper : rien de si doux, s'il n'estoit si court. »

C'est plus florentin que vénitien (puisque Marguerite de Valois est une Medicis)...

Enfin, il y a des passages savoureux!

Je t'envoie le lien pour le texte intégral si tu veux :
http://www.miscellanees.com/m/laruelle.htm

Bon voyage !



www.pierrecourcelle.com

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