Pour finir, il avait dessiné une barque vide, sans personne
Quelle santé fragile… je suis de nouveau malade. Fiévreux. Et, en même temps, fiévreux, sous les tropiques, ça paraît logique (je l’ai lu dans des livres). Le visage me brûle comme si, je ne sais pas, j’avais pris le soleil ou le grand air… Aujourd’hui, certains sont partis déjà. On les rejoindra demain dans une maison de campagne près de Mexico, celle de Manou, qu’il a dessinée lui-même, il paraît que c’est très beau (si j'en crois les cris de folle de Camille quand Manou lui en a montré les photos). Manou a aussi dessiné un club, à Mexico, très « sélect ». Ce n’est d’ailleurs pas le mot employé, plutôt « hipster ». Il projette aussi un hôtel, ça, j’ai vu, c’est assez magnifique, c’est vrai. Il a des clients dans le monde entier. Sa méthode : quand il a envie de faire qqch, il dessine et cherche ensuite qui ça pourrait intéresser. Vous voulez pas un hôtel de luxe face au Pacifique ? Probablement une question de réseau. Manou mangeait en face de Florent Pagny au mariage de Philippe Stark, pour situer. Manou descendait le Nil sur le bateau de son amant (je ne sais plus le nom, goélette ?), douze hommes d’équipage, pour situer. Alors, l’hôtel de luxe, c’est tout ce qu’il y a de plus cool, ça ressemble au ranch de Tom Ford (dessiné par Tadao Ando)… Un chemin de ronde... Assez précolombien…
Aujourd’hui, comme il a plu toute la rivière, on y est allé, plutôt que sur la plage. On a repris le bateau, avec le même chauffeur malicieux. Il a des lunettes d’un bleu hype qui lui cachent les yeux, mais on sent néanmoins très bien quand il s’amuse. Il adore faire du slalom avec le bateau pour nous faire crier. Il en abuse un peu. A la fin de la journée, ça ne fait plus rire personne. Mais lui, si, je le vérifie, derrière ses lunettes de star à Courchevel, je vois bien qu’il se marre. Il pourrait le faire toute sa vie, ça le fera toujours rire. Les chiens aussi, je m’émerveille comme ils arrivent toujours à s’occuper. Beaucoup de leur passion de vie vient de l’odorat. Ça. Pour moi. Je peux pas trop en parler. J’imagine. J’imagine ce qu’il se passe quand le chien (mon préféré, celui avec les oreilles pendantes) remue les narines. Quoi ? Une odeur très lointaine ? Dieu, peut-être ? Hier soir, au réveillon, « le chien » est resté longtemps à tourner autour de sa truffe. François et moi, on avait essayé de lui faire boire de la margarita. Kader est intervenu sinon, moi, je ne voyais pas le problème.
Le chauffeur a proposé qu’on plonge dans le fleuve, il y avait un arbre qui le traversait, à un certain endroit. Bon, personne n’était très chaud, puis finalement François puis Christian se sont dévoués. J’ai emboîté le pas. Je le fais un peu parce que je suis le héros d’une bande dessinée, enfin, plutôt de dessins séparés, mais qui pourraient donner lieu à une bande dessinée, tout le monde remarque (Etienne Chambaud, par exemple) à quel point je suis un bon personnage – sous le trait de François. (C’est vrai, ça me flatte beaucoup, entre le Grand Duduche, La Femme Assise…) D’abord, il fallait monter sur le tronc, ça glissait vraiment. C’était un peu embêtant, tout le monde qui regardait et filmait. Puis se jeter, ça, ça allait, puis s’accrocher aux plantes flottantes, ça, c’était bien, nager, il y avait beaucoup de courant, c’était merveilleux d’être dans un fleuve en Amazonie… Euh, pas tout à fait… Je suis allé sur une berge. Ça qui est étonnant ici : la Normandie. La Normandie tropicale. Tout est différent et tout est pareil. Une autre planète étrange que l’on reconnaît, mais dont on ne connaît pas les dangers. Tout est un peu différent. Cet arbre où vont sûrement s’abriter les vaches porte des fruits si étranges… En même temps, tellement d’eau, des images à la Tarkovski. Très, très beau. Tous ces pélicans, ces hérons, ces martins-pêcheurs, ces cormorans (les « canards-plongeurs ») et ces petits oiseaux que l’on nomme en anglais « sandpipers » (qui courent très vite sur la plage). Il y a aussi des sortes de poules d’eau que l’on nomme les « p’tites veuves » – comme la veuve noire, l’araignée, dit le chauffeur. Les palétuviers tellement expressifs, on dirait qu’ils veulent nous dire qqch… Bref, quand je suis remonté dans le bateau, j’étais couvert de cloques.
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