Monday, February 20, 2012

Lunation et consternation




La vie n’est pas racontable – qqch est racontable, pensai-je en face de l’église Saint-Médard. Kipling, Nietzsche, Chateaubriand était trois lectures que j’avais faites dans le week-end. Nous étions aux vins, chez Jean-Marc et Alice, Jean-Marc et Stéphane essayaient d’associer trois vins à ce programme (qui était comme un titre de théâtre). Très vite, ils ont vu tout en blancs. L’Argile, un vin du domaine de la Rectorie, pour Kipling, c’est un vin du Sud-Ouest assez narratif, ça raconte des histoires ; un Dancer (prononcer Dancère) pour Nietzsche (localisé en Meursault et Chassagne), la radicalité totale ; et pour Chateaubriand, Nicolas Joly. Nicolas Joly a récupéré le vignoble dont sa mère s’occupait déjà. Sa mère avait évité tous les engrais, les pesticides. Il a décidé d’aller plus loin : rien. Et du bétail pour manger les mauvaises herbes. Et l’influence de la lune sur la vigne. Et ils n’étaient pas nombreux à s’en occuper. Il a commencé à travailler selon les phases de la lune, pensant que la lune avait une influence sur le vivant et que comme le vin est un être vivant. Un type qui supporte absolument rien d’électronique. Les caves à vin parisiennes qui vibrent et tuent le vin à petit feu. C’est un vin magnifique quand il est là. Alors, y a beaucoup de pépins, mais en revanche quand la bouteille est là ! Ça s’appelle La Coulée de Serrant. Un vin tellement complexe qu’il fonctionne presque sur tout (quand il est bon). Vin tellement puissant que tu le mets pas en entrée. Stéphane et Jean-Marc essayaient de se rappeler la dernière fois qu’ils en avaient bu. Stéphane, c’était au Japon, dans un restaurant où tout le monde avait pris des choses très différentes, le sommelier avait dit : je ne vois qu’un vin qui pourrait aller avec tout. Jean-Marc, c’était un dîner qu’il avait donné où la bouteille star de la soirée était – je ne sais plus – une bouteille des Renaud-Barrault achetées aux enchères (Romanée-Conti, peut-être), en fait, ça avait été La Coulée de Serrant qui avait tout recouvert – et ç’avait été au fromage. Jean-Marc et Stéphane parlent ensuite du calendrier Steiner (tiens) aussi appelé « fleurs, feuilles, fruit, racines ». Le rythme sidéral selon les jours. Stéphane dit joliment à Sylvie (qui faisait la béotienne) qu’il s’occupait d’elle selon le calendrier Steiner. Alice avait nourri son monde avec une salade sans assaisonnement (avocat, pamplemousse, crevettes et feuilles d’épinard) suivi d’un bœuf carottes qui avait cuit plus de quatre heures (mais qui aurait été encore meilleur, dit-elle, le lendemain). Un gâteau au chocolat miraculeusement cuit aussi. Maintenant, j’écoute William Cliff (à la radio) qui dit : « Si vous voulez connaître la vie privée de Shakespeare, lisez les sonnets. »

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