Thursday, July 12, 2012

Illustrated Poem



Comme le luxe est facile ! Il est vrai que c’est un métier, l’attention au luxe, l’attention au bonheur, c’est un métier. C’est un métier que j’ai appris, sur le tard, que j’apprends toujours. C’est le métier de la vie. Il y a une femme qui ressemble à ma mère qui depuis tout à l’heure arrange et déplace son transat, son lit de piscine, je ne sais pas comment on dit. J’aimerais bien que ma mère soit ici. Elle arrangerait sans fin son lit de piscine, mais, au moins, elle serait ici. Ce serait un bel endroit pour vivre ou pour mourir, ici. Il y a des gens, des gens réunis, de tout pays, une communauté faible. Ce sont des gens de passage, de passage dans la vie, il n’y a pas de haine, pas de faute de goût, pas de haine. La beauté, la vigueur, le repos. Il y a pas mal de gens – l’hôtel est un petit village, sans doute un village retapé –, mais ça ne se voit pas. Je suis sous la falaise. J’admire à l’infini la falaise sublime. On y passerait des années. C’est une splendeur plus belle que la Joconde. J’ai vu des animaux aussi, aujourd’hui. Comme c’est facile de communiquer avec les animaux ! Avec les fourmis, les guêpes, les papillons et toutes sortes de bêtes occupées. Avec les chevaux, les vaches, le chien. Je n’ai pas vu de serpent, mais j’ai fait attention. Romain a voulu monter un cheval et, au début, le cheval n’avait pas l’air d’y voir un inconvénient. Sa belle croupe. Mais finalement ça n’a pas marché. Le cheval a été offusqué, il n’y a pas d’autre mot. Il nous a regardés en soufflant plusieurs fois l’air de dire : « Quelle grossièreté, malotrus, tout ça pour ça, me monter dessus, c’est minable ! » Bon. Ce matin, Romain était avec Laure dans la salle de douche quand je suis entré. Je les voyais s’activer à travers la vitre dépolie. C’était excitant. J’entendais les gémissements de Laure, légers gémissements recouverts par le bruit de l’eau. Je suis allé caresser le chien dehors, un briard, qui a apprécié (sauf les pattes, il aime pas). Le bruit de l’eau, on l’entend dans toute la vallée, quand on surplombe la falaise si belle. On est allé jusqu’à Buoux par un sentier comme pavé. On entendait les chevaux marcher dans la rivière. On entendait, par bouffées légères, la musique de salsa et, quand on a pendu les jambes en surplomb, on voyait les couples danser avec plus ou moins de fluidité. Il y avait des loups dans le Lubéron, beaucoup. Beaucoup de noms de lieux en témoignent. 

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