Monday, August 20, 2012

Note sur mon travail


« Mais quant à moi, je n’en viens jamais à de tels problèmes. Quand je « have done with the world », alors j’ai créé une masse amorphe (transparente), et le monde avec toute sa complexité est resté de côté, comme un cabinet de débarras sans intérêt.
Ou pour le dire peut-être mieux : le seul résultat de tout ce travail, c’est l’acte de laisser le monde de côté (de jeter-au-débarras le monde entier).
Dans un tel monde (le mien) il n’y a pas de tragédie, et par conséquent il n’y a pas tout cet infini qui produit justement une tragédie (comme son résultat).

Ou pour mieux dire, les résistances, le conflit, n’y deviennent pas qqch de magnifique ; ils deviennent au contraire une faute.

Le conflit se résout un peu comme la tension d’un ressort dans un mécanisme que l’on ferait fondre (ou que l’on dissoudrait dans l’acide nitrique). Dans une telle « solution » il n’y a plus de tensions. »

On peut y ajouter ce qui suit (exprimé par moi de nombreuses fois quand je dis que mon théâtre s’adresse aux amis – c’est-à-dire ceux qui l’aiment et deviennent, ainsi, des amis – et pas à des usagers, encore moins à des clients, pas à des professionnels du chacun-à-sa-place, non, aux amis sans qui ce travail ne peut simplement pas trouver sens).

« Quand je dis que mon livre n’est conçu que pour un petit cercle (si l’on peut appeler cela un cercle), je ne veux pas dire que ce cercle formerait selon moi l’élite de l’humanité, mais que ce sont là les hommes auxquels je m’adresse (non parce qu’ils sont meilleurs ou pire que les autres, mais) parce qu’ils forment mon cercle culturel, qu’ils sont pour ainsi dire mes compatriotes, par opposition aux autres qui me sont étrangers. »

Ça a à voir avec la sagesse. Evidemment, ceux à qui je m’adresse sont des «  sages ». Et ça peut être bien sûr n’importe qui du moment qu’il rentre en résonance (en amitié) (en communauté). Car il n’y a personne, que résonance, c’est cela le sens. 
Le sens du théâtre, c’est l’amour, je le rappelle toujours par exemple quand un acteur amène sur le plateau un problème personnel : il s’agit là, comme dit Ludwig Wittgenstein, d’une faute professionnelle. C’est pour moi une évidence. 

Ce qui me réveille la nuit, c'est comment supporter les fautes professionnelles des acteurs, les fautes d'amour. C'est une question qui mérite les insomnies. Je l'accepte. 

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