Gel
Il fait froid. Le froid pour
la dernière nuit (et, je me souviens, la première) vient rappeler que nous
avons eu de la chance. Mais, cette fois, il fait froid, chauffage à fond, bonnet
sur la tête, j’ai eu froid. Bébé est dans le car ; je me suis réveillé
trop tard, à l’heure de son départ, au bout du chemin pour un dernier baiser
et, cette après-midi, il sera avec son copain, Sébastien, au hammam de la
Mosquée, à Paris (pour ceux qui voudraient le croiser). Moi, je serai à
Lyon – avec Benoît. J’aime Benoît, mais ce n’est pas pareil. J’aime me répéter.
J’imagine que je ne m’adresse qu’à un seul lecteur et donc un lecteur qui ne
lirait qu’un seul article, toujours le même. Donc, ce qu’il faut comprendre,
c’est que Benoît et Bébé, ce n’est pas pareil. Dans le genre amour, aimer. Qu’est-ce
que je voulais raconter sur Benoît, déjà ? Benoît a été très content que
je lui révèle qu’Andy Warhol était allé à la messe pratiquement tous les dimanches
tout le long de sa vie – fait biographique assez méconnu. Benoît m’a dit que ses
parents ne s’étaient pas rendu compte qu’ils l’avaient appelé Benoît Izard et
son frère Bruno Izard, c’est vrai que c’est étrange. Quand nous prenons la
voiture, Benoît met à tue-tête un disque de chanson qu’il a faites, façon un
peu slam. Un jour, il a envoyé une des chansons à Jack Lang et l’assistant de
Jack Lang l’a appelé pour lui dire que Jack avait beaucoup aimé. Alors Benoît a
dit : « Oh, mais vous dites ça à tout le monde… – Détrompez-vous, quand nous appelons, c’est que c’est vrai. » On écoute la chanson. C’est d’après le
discours de Zola, « J’accuse » ; ce qui donne : « Jack
use son corps », etc. Jack use je ne sais quoi, vous voyez
le genre. Ça a beaucoup plu. Hier, la soirée dans le
petit bar transformé en dance floor. Tous les soirs ou presque, la soirée, je ne sais pas comment font les kids ! Ils m’ont juré qu’ils ne
prenaient pas de drogue et, l’alcool, j’ai fermé les yeux. (Je leur ai même
acheté du Lagavulin 16 ans d’âge pour hier.) Bébé, je l’ai déjà dit, ne
dort pas, il se couche le dernier (avant-hier à six heures) et se réveille le
premier (vers sept heures et demie) et – qui plus est – dans la période entre
le coucher et le réveil, il baise. Avec ça, toujours l’air d’avoir
dix-huit ans. Comme il ne peut pas baiser tout le monde malgré son grand
désir, il s’arrange pour visiter aussi en rêve. C’est facile
sur cet immense terrain de camping des caravanes. Philippe a dit hier, quand
Michel a fait mine d’enculer je ne sais plus qui – Christine, peut-être, mais
toutes y sont passées : « Ce stage se
termine en Dogs Party... Tu en as fait des bêtes... » C’est, ma foi, vrai,
« Jouer Dieu »... Pascal l’a dit : « Qui veut faire l’ange,
fait la bête. » Et réciproquement. CQFD. Benoît en train de ramasser
les draps de Bébé levé en trombe pour prendre son car a frappé à ma caravane comme un nazi, « Mais
qu’est-ce qu’il te prend ? personne ne frappe jamais ! » Donc Benoît assume de balayer et nettoyer la caravane de Bébé. Mais les draps tachés de sperme de Bébé, il
ne les rend pas. Il les met dans sa bagnole et les vendra très cher dans une
foire d’art de Miami...
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