Monday, September 10, 2012


« Tu brilles encore pourtant, soleil des cieux ! Et toi, terre sacrée, tu verdis encore ! Et les fleuves bruissants vont encore à la mer, et les arbres ombreux frémissent dans le midi. Le chant d’allégresse du printemps berce et endort mes mortelles pensées. Toute la plénitude de la vie universelle nourrit et rassasie d’ivresse mon être affamé.
O Nature bienheureuse ! Je ne sais ce qui m’arrive quand je lève les yeux devant ta beauté, mais toute l’allégresse du ciel est dans les larmes que je pleure devant toi, tel l’aimé devant son aimée.
Tout mon être se tait et tend l’oreille, quand l’onde délicate de la brise caresse ma poitrine. Perdu dans le vaste azur, je lève souvent les yeux vers l’éther et contemple intensément la mer sacrée, et il me semble alors qu’un esprit parent m’ouvre ses bras, et que la douleur de la solitude se dissout dans la vie de la divinité. 
Ne faire qu’un avec le Tout, c’est la vie de la Divinité, le ciel de l’homme.
Ne faire qu’un avec tout ce qui vit, plonger dans la félicité de l’oubli de soi en revenant dans le Tout de la nature, voilà l’ultime sommet des pensées et des joies, la cime sacrée, le lieu de l’éternelle quiétude où se dissipe la lourde chaleur de midi, où la voix du tonnerre se tait, où la mer bouillonnante s’apaise et se fait aussi ondoyante qu’un champ de blé.
Ne faire qu’un avec tout ce qui vit ! A ces mots la vertu dépose son harnais de courroux, l’esprit de l’homme dépose son sceptre, et toutes les pensées s’évanouissent devant l’image du monde éternellement un, comme les règles de l’artiste qui se bat avec son œuvre s’effacent devant son Uranie, le dur Destin d’airain renonce à dominer, et la mort fuit les êtres unis par une alliance : un lien plus fort que toute puissance de séparation et une jeunesse éternelle rendent le monde plus beau. »

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