Sunday, September 23, 2012

Un acte contre-nature



Liliane Giraudon me redemande d’écrire un livre. Mais il n’en est pas question ! Quelle horreur ! Ecrire un livre, ce serait, comme Sagan, pour avoir de l’argent. Sinon je ne vois pas l’intérêt. Mais il est vrai que, la vitesse, la drogue, le jeu, j’ai moins besoin d’argent que Françoise Sagan. Aller de châteaux en châteaux comme un écrivain bohème à travers le monde pour écrire un livre, voilà comme je vois ma vie. Mais pas à cause du livre, à cause des châteaux. Le mieux, c’est Bernard Frank. Il paraît qu’il a fait croire à tous ses amis qu’il écrivait un livre et il ne l’a jamais écrit. Le fameux livre français sur la période de l’Occupation. Il a réussi comme ça à se faire entretenir toute sa vie. « Ecrire un livre sur ses propres livres, quand on ne les a pas relus, c’est très amusant. » C’est aussi une phrase qui pourrait m’aider. Mais, dans mon cas, ce serait : « Faire un spectacle sur ses propres spectacles, quand on ne les a pas revus, c’est très amusant. » De toute manière, tout cela représenterait du travail, c’est ça le hic ! Faire des spectacles, pour moi, n’a jamais représenté un travail. Mais écrire le serait. D’où les châteaux. D’abord les châteaux ! Je me vois bien écrire un livre à l’hôtel des Roches, à Piana, par exemple. Ou dans la demeure d’Emmanuel Picault dans le Lubéron mexicain (comme il nomme cette région dont j’ai oublié le nom). Là, d’accord. Je pourrais aussi écouter de la musique. L’acoustique est superbe. Dans les deux cas. La maison vide sans porte et sans fenêtre du Mexique et la conque de Piana, très romantique, un peu Wagner, quand même, pas trop longtemps l’hôtel des Roches Rouges, quand même… Voyage, voyage… Ennui phénoménal de l’écriture, ennui phénoménal de la lecture – par rapport à la présence de Bébé dans mon lit, par exemple. Je sais que Françoise Sagan pense le contraire. C’est pour ça que je ne suis pas un écrivain. Je viens de le lire. Elle dit que les amours littéraires sont supérieurs à tous les autres. Elle dit. Elle le dit. « Dans l’ordre des souvenirs, l’amour de la littérature a une grande supériorité sur l’amour tout court, l’amour humain. (…) la littérature en revanche offre à notre mémoire des coups de foudre autrement fracassants, précis et définitifs.  Je sais très bien où j’ai lu, où j’ai découvert les grands livres de ma vie ; et les paysages extérieurs de ma vie alors sont là, inextricablement liés à mes paysages internes qui sont généralement ceux de l’adolescence. » Je ne suis pas sûr – maintenant que je suis dans Sagan – qu’ECRIRE soit ce qu’en disait Duras. Il est possible que ce soit : « qqch de farfelu, c’est presque... c’est tout à fait puéril, d’une certaine manière. C’est à la fois puéril, prétentieux, etc. Et alors, dès qu’on écrit quelques phrases, de prétentieux, ça devient humiliant parce que c’est jamais ce qu’on voulait écrire vraiment. »

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