Imaginez un palais construit
en bois. Un palais de la forêt.
C’est un Versailles du
pauvre.
D’ailleurs
« Versailles », c’est « vaisselle » – et
« versatile »… Versailles n’est pas du tout adapté. C’est une ville,
c’est un palais. Ici aussi, c’est un immeuble. Un immeuble à la campagne.
Au-dessus du Tarn. Je ne connaîtrai jamais, sans doute, ses habitants. Il y a
les corneilles, les chauves-souris. Les araignées. Mais il y a d’autres gens
dans d’autres ailes du bâtiment – que je ne croiserai jamais. Probablement.
Le palais est si grand.
Irai-je même jusqu’à la
bibliothèque dont on m’a promis l’accès ? Comment savoir et comment
savoir son chemin sans se déplacer comme un voleur, dans ce palais aux
multiples fenêtres ? Je ne saurais être vu. Rat d’hôtel. Ville parisienne.
A la campagne. Paris à la campagne. Un immeuble déshabité. Vie et vide. Rien
qu’à l’étage où je suis – aux multiples chambres –, « l’été, ça accueille
jusqu’à cinquante personnes », Babeth m’a dit. « C’est tout pour
vous ! » (Pour toi et moi.)
Le matin, Babeth hurle dans
la cour, Babeth à la voix très forte. Et cela résonne dans la cour, forcément,
la cour aux immenses falaises. Ainsi tous les habitants doivent être au courant
– et doivent être agacé – que Babeth et moi, nous nous parlions, elle dans la
cour et, moi, du haut de la cuisine, sous les toits, celle que j’utilise, la
cuisine des petits-déjeuners.
Il me faut souvent pisser. Je
ne sais pas, le café, l’été… L’insolation dans mon lit, le lit de l’été –
pendant qu’au-dessous, le lit du fleuve réfléchit mon été…
Avez-vous besoin de tout l’espace ? Non. Vous habitez dans le palais.
Contentez-vous. L’apparat du palais. Le palais et ses espaces aux mutiples
recoins, aux constructions sans fin. Aux effondrements silencieux.
Mon écriture se précise
ainsi : je n’ai rien lu et j’écris quand même. C’est une écriture sèche,
ingrate, sans émotion, sans partage. Et c’est cette écriture que Liliane
Giraudon veut publier ! Ça me déprime. Il est feu, le feu. Brûler vos
papiers que l’on découvrira plus tard. Cela vous donnera du rouge aux joues. Et
cette odeur de brûlé qui se mélange aux châteaux, qui se mélange à l’été…
Le soleil, il joue sur le
plafond de la chambre. Il joue, renvoyé pas les vitres.
Labels: château
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