Il y a du monde, beaucoup de monde, nous sommes dans un avion. Long-courrier. Paris-Mexico d’une traite. Dès que l’on se met à placer des mots les uns après les autres (je n’ose pas dire « écrire »), c’est le monde ancien qui revient, le monde rétro des mots, les voyages, les caravelles... La réalité est tout autre. C’est très pénible que la réalité est tout autre et que nous soyons responsable — qui plus est — de cette distorsion. Je me souviens d’un lac, d’un lac de barrage où nous étions arrivés très tard, la journée s’achevait, c’était si long de contourner, d’arriver jusqu’à la plage. Il y avait beaucoup de monde, la journée était radieuse, et la distorsion était que nous étions — alors que nous pensions nous enfoncer dans les profondeurs du paysage profond, ancien, volcanique, — la réalité, c’est que nous nous étions rapprochés de Saint-Etienne, c’était tout près de Saint-Etienne et les Stéphanois venaient s’y baigner. C’est difficile d’écrire car les mots nous ramènent tout de suite (et définitivement) à un monde qui n’existe pas, un monde vivant, un monde qui n’existe plus et qui n’a donc aucun rapport avec la réalité. Dans « Le Monde », il y a qqch encore que je retiens, beaucoup de choses que je lis, mais une phrase : « Le visage, quand on le regarde longtemps, n’apparaît ni menaçant ni furieux, mais d’une expression sereine, presque rêveuse. » Et, en effet, j’ai regardé longtemps la sculpture de Papouasie et j’ai « vu » un visage vrai.
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