Le Livre que je voulais écrire
J’avais pensé peut-être faire un livre sur le livre que je voulais écrire — qui était Rauque la ville, de Jean-Pierre Ceton (je vois que sur la couverture le tiret entre Jean et Pierre est encore là). C’est le livre que j’ai découvert à la fin de mon adolescence — c’est-à-dire au début du grand désert — blanc — et qui a été ma Bible à cette époque, que j’offrais à tout le monde, etc. Et — quand je l’ouvre encore actuellement — j’en ai gardé un exemplaire pendant toutes ces années, — c’est toujours ma Bible. Je peux l’ouvrir à n’importe quel endroit, je tombe toujours sur le récit de ma vie, de ce que j’ai aimé dans ma vie, de ce que j’ai vécu — et qu’à l’époque je n’avais pas encore vécu : il m’a formé en quelque sorte. Lorsque je revenais ce matin d’Alésia, après avoir passé la nuit chez Dominique, et qu’il neigeait, j’ai eu l’idée, quand je suis passé à la hauteur de la rue Daguerre, d’aller voir si Jean Pierre (comme on l’écrit maintenant) n’étais pas chez lui, rue Danville. Je n’y étais pas passé depuis tout ce temps. Tout ce temps. Mais Jean Pierre était là sur la pas de sa porte. Il sortait justement se promener avec son fils de 11 ans. J’ai fait quelques pas avec eux. Jean Pierre ne voulait plus mettre de « s » au singulier à « corp » et à « temp ». Je lui ai dit que je ferai comme lui. Je lui ai parlé de la langue espagnole dont l’orthographe a été simplifiée (« elefante », « teatro », « rinoceronte »). Il m’a demandé quand. Je ne savais plus : il y a bien longtemp. L’espagnol s’écrit comme il se prononce.
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