Tuesday, February 19, 2013

2 films parisiens


J’ai vu 2 films aujourd’hui qui se passent à Paris. Le premier, conseillé par Manuel Vallade, c’est La Fille de nulle part, de Jean-Claude Brisseau, que j’ai vu au Mk2 Beaubourg et, le deuxième, conseillé par « Libé », c’est Turf, de Fabien Onteniente, que j’ai vu au Mk2 Bibliothèque. Voilà, vous savez tout. Pendant le deuxième, Dominique Issermann m’a envoyé un message pour aller diner ensemble chez un japonais et Audrey Vernon pour aller voir les tigrons vendredi, mais je n’ai eu ces messages qu’après (trop tard pour le japonais). Je commence par le premier que j’ai beaucoup aimé. (Voilà, vous savez tout.) Le premier est un film sublime, on ne peut pas dire pourquoi (ou alors les critiques sans doute) ; c’est un cinéma qui est comme fait à mesure, dans la mesure où il n’est pas joué par des acteurs, mais par ceux qui le conçoivent, Jean-Claude Brisseau et cette fille dont j’ai oublié le nom (si je l’ai jamais su). Mais le montage existe et le montage rythme le film d’une manière sautillante. Jean-Claude Brisseau ressemble à un Depardieu qui aurait bien tourné, si vous voulez. La fille — de nulle part — est belle et réelle. Il y a un réalisme triste, parisien, mais un réalisme. A un moment, on voit la rue, le quartier de cet appartement où se passe le film. On le voit depuis le balcon. J’ai essayé de reconnaître Paris, mon Paris et j’ai lu les enseignes, celle-ci : HOTEL MAISON DU PIRE. J’ai frissonné : c’était tout à fait le film et tout à fait mon état. Maison du pire... Maison du Pré, en définitive (en relisant). Ouf ! échappé au... Dans le film, les gens se racontent simplement et, bien sûr, cette « simplicité » est la politesse du désespoir. Mais c’est émouvant quand même d’être en vie, même sur le bas-côté. Phrase culte : « Et, là, pour calmer l’angoisse, je me suis mis à prier pour un dieu auquel je ne crois pas. » Jour de vent, jour de grand vent à Paris qu’on voit sur l’écran. Un film sublime, on ne sait pas pourquoi. Le deuxième est aussi un film sublime. Tourné avec des acteurs, certes, mais — comment dire exactement ? — si proches de leur personnalité que ç’en est, pour moi, stupéfiant (dans le genre découverte, mais je n’y connais rien). Il y a le russe Depardieu qui commence en disant : « La France me manque, surtout l’air des pelouses. » Mais ce n’est pas la vraie phrase culte, la vraie phrase culte est celle-ci : « J’crois qu’la viande est sous les patates. » C’est Philippe Duquesne qui la dit. C’est un film incroyablement réaliste, d’une bienveillance artisanale à l’égard du réel. Oui. Depardieu, pour continuer sur lui, joue une ordure, c’est réaliste. Il y a une époque où Depardieu prétendait qu’il pouvait tout jouer ; le journaliste lui avait dit : « Même un jockey ? » ; il s’était énervé et il avait dit : « Il n’y a pas plus facile à jouer qu’un jockey, ils ont l’cerveau d’la taille d’un p’tit pois ! » Maintenant, il joue les ordures : c’est réaliste — et on ne peut pas dire qu’il les joue mal, non, il les joue très bien. (Ainsi, que ça ne vous empêche pas d’aller voir le film.) Pourquoi Robert Bresson serait du cinéma et, ça, ça n’en serait pas ? Il est possible que le cinéma, ce ne soit plus que le réel et que, le réel, ce ne soit plus que ça. Il est intelligent, Fabien Onteniente ; il dit, par ex : « Le problème d’un décor, c’est que parfois on le choisit pour ce qu’il est et qu’on ne le voit pas comme il est. » C'est une phrase intelligente. Bien entendu, l’happy end commerciale n’appartient pas au film, à mon sens. Puisque le film a comme sujet les infinis rebondissements d’une sorte de mystère de la bêtise, il n’y a donc pas de raison que ces 4 types se trouvent sortis d’affaire par la misère du Saint-Esprit. Ça ferme le film, cette happy end. On n’y croit pas. Par contre, Depardieu va en prison, ça, c’est bien (mais guère plus crédible). J’ajoute que c’est un film perdant ! : dans la salle, nous étions 3. Ou 4. Allez, 5.

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