Robert
Dans le spectacle de Robert Cantarella, il y a des choses qui m’intéressent beaucoup, d’autres choses que je n’aurais pas fait de cette manière. Evidemment, c’est un plaisir de passer une soirée avec Nicolas Maury, on sait qu’il sait recevoir. C’est justement ce qu’il fait, avec virtuosité, dans la majeure partie du spectacle, il reçoit les clients dans son cabinet de kiné. C’est ça qui est bien, avec Nicolas Maury, l’acteur le plus intelligent que je connaisse, c’est que, s’il joue un kiné, à la Ménagerie de verre, c’est-à-dire dans un squat (un peu comme dans Chutes, de Gregory Motton, dans la mise en scène de Claude Régy, un bureau, un téléphone qui sonne, au milieu de nulle part), on va y croire. Franchement. J’irais bien me faire soigner le dos par Nicolas Maury. Il est rapide et efficace. En fait, il joue qu’il reçoit, c’est ce qu’il est de plus beau à faire pour un acteur. Recevoir. Il reçoit un vieillard extraordinaire, Michel Corvin qui n’est pas acteur, mais qui connaît le théâtre comme sa poche (il en a écrit un dictionnaire). Comme je le félicitais, il m’a dit qu’il aimerait bien jouer Le Roi Lear... Oh, comme j’aimerais mettre en scène Michel Corvin dans Le Roi Lear ! Qu’on me donne une salle, qu’on me donne un royaume ! Puis, pour me dire au revoir : « Allez, redescendons sur terre... » Il reçoit aussi des enfants, merveilleuse scène improvisée (les enfants ne jouant que ce soir et n’étant arrivés qu’une heure avant). Il reçoit d’autres gens, mais, par ex encore, le poète Stéphane Bouquet qui joue un clochard qui pue (immense poète). La première partie du spectacle, c’est Nicolas Maury qui joue avec oreillette Taxi Driver. Seulement la voix de De Niro adressée au public. En français. Là, c’est un peu moins bon, pour moi, parce que, s’il le fait très bien, la virtuosité est plus visible. C’est le problème avec les gens très doués (et très travailleurs), on leur fait tout jouer (cf Jonathan Capdevielle), mais, la difficulté, c’est de trouver qqch qu’ils n’aient pas encore fait, qui ne les ennuie pas. Après, le spectacle est très bon, très aéré. Je ne sais pas pourquoi l’espace de la Ménagerie est réduit (gradin avancé) et il y a ces ajustements qui n’aurait pas été les miens si j’avais dirigé ce spectacle. Par ex, quand Stéphane Bouquet traduit la voix de cet imprécateur américain qui entraîne quelques 1000 personnes à la mort (un suicide collectif d’une secte dans les années 70), moi, j’aurais fait en sorte que la traduction, sa fréquence, soit à la limite sonore de la bande enregistrée, juste assez, mais à peine, pour qu’on perçoive. Ceci, c’est ce que nous faisions par ex au Radeau.
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