Friday, July 26, 2013

Fragment d’un journal



Oui, tout cela s’appelle « Disparaissez-moi »

Et si cette « expérience » ou « experiment » comme aimait dire Duras à l’anglaise était une rehab, pour moi ? Et si d’une disparition, il fallait vivre ? Oui, la vie n’a qu’un temps. Oui, « pour une fois que nous ne sommes pas morts »… Oui, une seule chose compte. Et tout compte. Une seule chose ne compte pas — et plus rien ne compte.
Les chats, dans le château, si intelligents, si joueurs, si heureux de nous avoir comme compagnons — surtout la nuit où le château est presque immensément nuit (mais eux y voient très bien, très réveillé, égyptiens)
« Mais comme tous les êtres, c’est d’abord avec sa propre vieillesse que cet homme compose. Il est bel et bien installé dans ce temps-là, sereinement semble-t-il, même si c’est un temps qu’il s’agit chaque jour de rendre stable. Il réclame chaque fois plus de DVD, il aime toujours lire les journaux (particulièrement celui-ci, dit-il) et se tient tout à fait au courant du monde comme il va mal. »
Quelqu’un m’a demandé si j’aimais Napoléon. J’ai dit que non. Il m’a dit : « Ah, je croyais parce que tu as dit : « les 2 plus grands génies du siècle après Napoléon » ». J’ai dit que c’était Alfred de Musset qui parlait comme ça. Ce jeune homme s’est étonné, il avait cru que c’était une réflexion personnelle.
La nuit très puissante ici, les sons incroyables, insensés. On a envie d’être comme les chats et rester à jouer toute la nuit dans l’obscurité massive et si vivante, plus vivante, plus splendide que le jour.
Il y a comme des infinies grenouilles — mais où seraient-elles ? il n’y a pas d’eau…
Je lis les crimes d’Héliogabale et de Caracalla. Et aussi l’article de Séguret sur Godard que m’a indiqué Stéphane (dans «  Libé »).



Aujourd’hui, il y a du vent. Je le vois à travers la moustiquaire, que les arbres bougent. Je vois que les petits carrés de cette moustiquaire forment un écran où les arbres bougent. Le mouvement de leurs petites feuilles est enregistré par les pixels de cette toile qui remplace la fenêtre. Car c’est l’été : la fenêtre reste ouverte et la guillotine de la moustiquaire est rabattue. Fermée. Rien ne passe que le très petit jardin des pixels et des milliers de feuilles qui tiennent dans ma main…

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