Fragment d’un journal
Oui, tout cela
s’appelle « Disparaissez-moi »
Et si cette
« expérience » ou « experiment » comme aimait dire Duras à
l’anglaise était une rehab, pour moi ? Et si d’une disparition, il fallait
vivre ? Oui, la vie n’a qu’un temps. Oui, « pour une fois que nous ne
sommes pas morts »… Oui, une seule chose compte. Et tout compte. Une seule
chose ne compte pas — et plus rien ne compte.
Les chats, dans
le château, si intelligents, si joueurs, si heureux de nous avoir comme
compagnons — surtout la nuit où le château est presque immensément nuit (mais
eux y voient très bien, très réveillé, égyptiens)
« Mais
comme tous les êtres, c’est d’abord avec sa propre vieillesse que cet homme
compose. Il est bel et bien installé dans ce temps-là, sereinement semble-t-il,
même si c’est un temps qu’il s’agit chaque jour de rendre stable. Il réclame
chaque fois plus de DVD, il aime toujours lire les journaux (particulièrement
celui-ci, dit-il) et se tient tout à fait au courant du monde comme il va
mal. »
Quelqu’un m’a
demandé si j’aimais Napoléon. J’ai dit que non. Il m’a dit : « Ah, je
croyais parce que tu as dit : « les 2 plus grands génies du siècle après Napoléon » ». J’ai dit que
c’était Alfred de Musset qui parlait comme ça. Ce jeune homme s’est étonné, il
avait cru que c’était une réflexion personnelle.
La nuit très
puissante ici, les sons incroyables, insensés. On a envie d’être comme les
chats et rester à jouer toute la nuit dans l’obscurité massive et si vivante,
plus vivante, plus splendide que le jour.
Il y a comme
des infinies grenouilles — mais où seraient-elles ? il n’y a pas d’eau…
Je lis les
crimes d’Héliogabale et de Caracalla. Et aussi l’article de Séguret sur Godard
que m’a indiqué Stéphane (dans « Libé »).
Aujourd’hui, il
y a du vent. Je le vois à travers la moustiquaire, que les arbres bougent. Je
vois que les petits carrés de cette moustiquaire forment un écran où les arbres
bougent. Le mouvement de leurs petites feuilles est enregistré par les pixels
de cette toile qui remplace la fenêtre. Car c’est l’été : la fenêtre reste
ouverte et la guillotine de la moustiquaire est rabattue. Fermée. Rien ne passe
que le très petit jardin des pixels et des milliers de feuilles qui tiennent
dans ma main…
Labels: avignon
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