Monday, September 09, 2013

L 'Homme étrange de théâtre


Yves-Noël Genod présentait hier aux Bouffes du Nord une copie de travail, ou « la version des commencements », d'un spectacle qui sera donné au même endroit en avril.
Comme d'habitude avec cet homme de théâtre étrange (c'est un compliment), dès le moment où ça commence et pendant le déroulement, on ne sait pas s'il y a quelque chose. Non pas, s'il se passe quelque chose ? Ou s'il se passe rien, comme des gens du milieu pourraient lui reprocher. D’ailleurs il le fait dire à un comédien (tous bons, musiciens, artistes, acteurs de corps) : « y a pas de spectacle », ce qu'il n'avait pas besoin de hurler pour qu'on le comprenne.
Et puis, bien que de temps à autre le plateau soit vide, presque à en paniquer, quelque chose se forme pour exister. Quoi ? Comment ? Au-delà de ce qui pourrait être mode (ce qui n'est pas gênant), un plus existentiel, même si « dans les rêves on ne voit jamais le soleil », ce que je conteste fortement.
En tout cas, quand on en sort, on peut voir les gens dehors, dans la rue, les cafés ou le bus, en train de jouer la comédie comme des automates qu'ils sont.
Car il opère une sorte de déconstruction des gestes, des mouvements, à travers différentes séquences qu'il ne lâche pas, jusqu'à créer des instants de vie qui sinon ne seraient pas rendus à la perception.
L'homme étrange de théâtre tient à minimiser son travail, il se dit paresseux, annonce dans sa présentation « qu' « ils » ont travaillé un jour, et que s'ils l'ont fait une fois, ils doivent être capables de le refaire, surtout, comme si c'était la première fois ».

Et c'est ça qui est super bien !






(Jean Pierre Ceton)

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