L 'Homme étrange de théâtre
Yves-Noël Genod présentait
hier aux Bouffes du Nord une copie de travail, ou « la version des
commencements », d'un spectacle qui sera donné au même endroit en avril.
Comme d'habitude avec cet
homme de théâtre étrange (c'est un compliment), dès le moment où ça commence et
pendant le déroulement, on ne sait pas s'il y a quelque chose. Non pas, s'il se
passe quelque chose ? Ou s'il se passe rien, comme des gens du milieu
pourraient lui reprocher. D’ailleurs il le fait dire à un comédien (tous bons,
musiciens, artistes, acteurs de corps) : « y a pas de spectacle », ce qu'il
n'avait pas besoin de hurler pour qu'on le comprenne.
Et puis, bien que de temps à
autre le plateau soit vide, presque à en paniquer, quelque chose se forme pour
exister. Quoi ? Comment ? Au-delà de ce qui pourrait être mode (ce qui n'est
pas gênant), un plus existentiel, même si « dans les rêves on ne voit jamais le
soleil », ce que je conteste fortement.
En tout cas, quand on en
sort, on peut voir les gens dehors, dans la rue, les cafés ou le bus, en train
de jouer la comédie comme des automates qu'ils sont.
Car il opère une sorte de
déconstruction des gestes, des mouvements, à travers différentes séquences
qu'il ne lâche pas, jusqu'à créer des instants de vie qui sinon ne seraient pas
rendus à la perception.
L'homme étrange de théâtre
tient à minimiser son travail, il se dit paresseux, annonce dans sa
présentation « qu' « ils » ont travaillé un jour, et que s'ils l'ont fait une
fois, ils doivent être capables de le refaire, surtout, comme si c'était la
première fois ».
Et c'est ça qui est super
bien !
(Jean Pierre Ceton)
0 Comments:
Post a Comment
<< Home