« On termine donc sur ces pommiers, refleuris après la séquence
de désert et sa synecdoque en papier peint. C'est la dernière image du film,
mais c'est aussi en quelque sorte la première image de la vie adulte de Jamie,
après la vue des murs blanchis qui en sont comme la page de garde. La pomme était
l'objet d'échanges brutaux et hasardeux, le pommier fleuri devient l'emblème de
la vitalité enfin désendiguée de l'adolescent, restitué à sa capacité à produire
des émotions, des relations et des images. Car la dernière image du film est bien aussi, en un
bouclage presque proustien, la première image du cinéma de Douglas. La vocation
d'artiste du personnage à quoi a mené toute l'oeuvre, nous invite à la revoir
depuis le début, comme le fruit promis par sa fin. Les pommiers du dernier
cadre fleurissent donc dans une équivoque vertigineuse où se noue et s'abolit
le pacte autobiographique — l'histoire de Jamie s'achève, celle de Bill peut commencer. L’oeuvre et la vie,
ainsi enroulées, sont comme la face unique d'un ruban de Moebius, devenu
pellicule de cinéma. »
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