M énagerie de Verre, les 12, 13, 14 nov., 20h30
« Sur la place ouverte
dans la lumière claire, le déferlement, comme sur une toute petite île, d'un
vacarme épisodique. »
Je vois des splendeurs tous
les jours quand je sors dans la rue, c’est l’extase, l’émerveillement. De cela,
je ne porterai rien aux spectateurs, si peu. Comment ces gens beaux comme des
dieux (surtout une journée de soleil, évidemment) pourraient-ils être déplacés sur une scène, ça me paraît invraisemblable. Et
pourtant, c’est la splendeur. Et comme toute (vraie) splendeur, c’est rien. Comment ne pas tout perdre si ça devenait
qqch ? Je voudrais que le spectacle de la Ménagerie de Verre soit aussi
ouvert que cette pièce de Peter Handke, L’Heure où nous ne savions rien l’un
de l’autre. Cette pièce merveilleuse
comme la rue, la rue comme aujourd’hui, « lumière claire », dit-il.
« Une place ouverte dans une lumière claire. » Et, ce garçon en blanc
qui porte 2 sacs blancs, qui le jouera ? Je ne prends pas des photos de
tout. Je devrais. Mais cette femme tout à l’heure si bien dessinée, sa
coiffure, son tailleur-pantalon si élégant et elle si heureuse, si juste, bien
que pas jeune, mais libre (sans doute à parler au tél). Ou ce jeune
serveur noir qui prend l’air avec ses collègues devant le Terminus Nord,
tellement incroyable de vie, de rien, de beauté, dans le noir et blanc de son costume de serveur qui lui va
terriblement bien... Il faudrait une fille pour m’aider à ces castings sauvages. Chloé de Grom ? Marion
Corrales ? Edmonde Gogotte ? En voici 3 à qui j’en ai parlé, en tout
cas… 3 belles filles. Et puis il faudrait une productrice aussi (ou 3) pour pouvoir payer un
minimum ces gens, et les costumes et l’exactitude et si nous voulions les
charger de fleurs, par ex, une femme ou un garçon recouverts de fleurs comme sont les créations sublimes de Jérémy Martin — ou les petits tigres de Rémy Demantes, si on
voulait les montrer (et on le veut !) — et la nature et la mer. Le public
ne se rend pas compte à côté de quelles extases il passe. A côté de l'amour et de la vie ! Il ne se rend pas
compte qu’on ne lui montre rien que de moche. Il paye pour voir des trucs très
moches, en règle générale. Il devrait dire non. C’est très rare, Pina Bausch,
Bartabas, Romeo Castellucci. Mais, moi, je pourrais aussi, toute proportion gardée, je pourrais montrer la beauté — et faire mon métier. Je la vois, en tout cas, dans la rue, je la
trouve, elle est là, la splendeur de la vie, oh ! toute ensoleillée.
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