Thursday, October 31, 2013

P uissance de la douceur


Ciao Yves-Noël,

En revoyant Le Feu Follet, ce jour, je vois ton ouverture de plateau de Vitry dans cette filiation. Haut lignage et peut-être trop lourd, trop noir, trop tragique, me diras-tu. Oui et non. Oui, car, d'évidence, tes créations existent sans origine. Et cela m'agacerait, moi, si l'on m'assignait toujours à un héritage. Et, cependant, il faut voir la sculpture de la lumière du film de Malle, ce qu'elle crée de l'atmosphère palpable d'une pulsion mélancolique, il faut voir Maurice Ronet avancer ses mains vers le visage d'Alexandra Stewart avec cette phrase — limbe du film : — « Je n'arrive pas à toucher les choses ». Il faut voir sa voix aussi, une certaine fêlure ivre de douceur pour comprendre une gémellité de style avec ton travail de vendredi, les irruptions se chevauchant des langues ou voix des acteurs, les glissements toujours en osmose avec le fragment du jour, la lucidité de qqch que tu saisis en suspens. On est toujours à Calculta Song, même à Vitry-sur-Seine, avec tes œuvres, Yves-Noël. Tout ton peuple de comédiens nous regardant innervés par un feu follet intérieur, spectres de Pina, follement vivants d'être à la crête de l'immobile et de la douceur.

Bravo encore à toi,

VV

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