Sunday, December 22, 2013

J ’adore Marcela Iacub !


« On sait que jadis, et l’on en trouve des témoignages de toutes sortes au XVIIIe siècle, la sodomie pratiquée entre mâles n’était pas l’apanage des homs qui préféraient les autres homs. Elle était pratiquée par tout un chacun de sorte qu’elle était devenue une sorte de mode. Cela permettait aux mâles d’éprouver des orgasmes prostatiques, comparables à ceux dont jouissent les femmes avec leurs vagins. Certes, il y a des homs dits hétérosexuels qui aiment que leurs partenaires féminines leur introduisent des doigts ou d’autres choses, même s’ils ne sont pas trop nombreux. Mais si ce sont les fems qui doivent agir et non pas d’autres homs, ces derniers ne profitent pas des émotions que pourrait leur procurer la pénétration par un sexe masculin.
Là où cette limitation s’exprime le mieux, c’est dans les partouzes. Au lieu de se pénétrer aussi entre eux dans ces rencontres, les homs se limitent à échanger des fems. Les libertins du XVIIIe siècle auraient été si dépités s’ils avaient pu constater ce que font ds ces fêtes ceux qui revendiquent cette appellation aujourd’hui ! Ils se seraient dit : « Mais regardez ces beaufs pétris de préjugés ». Or notre monde préfère se priver des plaisirs pour que chacun puisse se dire je suis ceci ou cela. Comme si le fait de s’assurer de qui on est — comme si on était qqch ! — était plus important que les explorations que nous pouvons faire avec nos corps, cette merveilleuse planète de chair que la nature nous a donnée pour que nous tirions d’elle le maximum de jouissances pendant nos courtes existences sur terre. Et cette restriction agit aussi sur lesdits homosexuels qui se privent de pénétrer des fems dans n’importe lequel de leurs orifices — même s’ils peuvent en avoir envie — de peur de penser qu’ils n’appartiennet pas au groupe dans lequel ils sont désormais si fiers d’être. Ceux qui le font sont suspects de ne pas s’assumer, de céder à la pression hétérosexiste. C’est pourquoi après cette période de lutte contre l’homophobie, il faudrait en envisager une autre dans laquelle les mots « hétérosexuel », « homosexuel », « bisexuel » soient aussi ringard que la flétrissure accolée au mot « enculer ». »

(Extrait d'un article dans « Lui »)

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