Sunday, December 08, 2013

B ouquet breton


« Regardez ! Là-bas, au ras de la crête… Ne dirait-on pas une tête qui apparaît… »
Aujourd’hui, oui, j’ai tué des crevettes.
J’explique (mais qu’y a-t-il à expliquer ?) : au marché, aujourd’hui, on vendait des bouquets vivants — je voulais être loin de Paris — et je n’avais que ma fatigue pour voyager…
J’ai admiré la construction de la vie chez les crevettes, leur manière de mettre leur corps en détente pour riper, leur force, leur muscle et leur prison. Et leurs petites pattes aussi, j’ai admirées. J’ai admiré qu’elles soient vivantes et en pleine forme (pour certaines…) Mais je n’ai pas imaginé leurs sentiments. Leur souffrance, leur inquiétude, leur sentiment d’abandon et leur espoir, leur croyance. Quand le bourreau sait quelle est la fin, pourquoi s’attarderait-il ? J’ai fait bouillir un fond d’eau dans une casserole et je les ai jetées dedans. Et, là aussi, j’ai admiré la vitesse de l’action de l’eau bouillante sur leur mort. Ça a été fini casi immédiatement. La belle couleur rose est apparue, la splendide couleur… Nature morte… J’ai dégusté la mort dans l’âme… mais il faut de temps en temps se rendre compte des choses…

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