B ouquet breton
« Regardez ! Là-bas, au ras de la crête… Ne dirait-on pas une tête qui apparaît… »
Aujourd’hui, oui, j’ai tué
des crevettes.
J’explique (mais qu’y a-t-il
à expliquer ?) : au marché, aujourd’hui, on vendait des bouquets vivants — je voulais être loin de Paris — et je n’avais que ma fatigue pour
voyager…
J’ai admiré la construction
de la vie chez les crevettes, leur manière de mettre leur corps en détente pour
riper, leur force, leur muscle et leur prison. Et leurs petites pattes aussi,
j’ai admirées. J’ai admiré qu’elles soient vivantes et en pleine forme (pour
certaines…) Mais je n’ai pas imaginé leurs sentiments. Leur souffrance, leur
inquiétude, leur sentiment d’abandon et leur espoir, leur croyance. Quand le
bourreau sait quelle est la fin, pourquoi s’attarderait-il ? J’ai fait bouillir
un fond d’eau dans une casserole et je les ai jetées dedans. Et, là aussi, j’ai
admiré la vitesse de l’action de l’eau bouillante sur leur mort. Ça a été fini
casi immédiatement. La belle couleur rose est apparue, la splendide couleur…
Nature morte… J’ai dégusté la mort dans l’âme… mais il faut de temps en temps
se rendre compte des choses…
Labels: paris
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