J uste après avoir lu le compliment d'Ariel
« Il ne s’agit plus d’un
processus d’intériorisation, de refuge dans sa vie intérieure, mais d’extériorisation
radicale. Se détacher des biens extérieurs suppose en effet d’abord de se laisser (lassen) soi-même, de sortir radicalement de soi (ûzgehen, ou ussgehen en allemand moderne), de ne plus être qu’une place vide, libre,
inoccupée (ledig), de s’anéantir
soi-même (Vernihtung) — ce qui ne
veut pas dire mourir « pour de bon », mais mourir en tant que
créature, donc mourir en tant que néant, pour vivre d’une vie divine ici-bas.
« Il doit d’abord se laisser lui-même », écrit Eckhart au chap III de
ses Entretiens spirituels ;
« Il aura de la sorte laissé toutes choses. En vérité, l’homme qui
laisserait un royaume, voire le monde entier, et se conserverait lui-même
n’aurait rien laissé. Mais l’homme qui se laisse lui-même, quoi qu’il conserve,
richesse, honneur, n’importe quoi, cet homme a tout laissé. » Là réside
selon nous le sens exact de la discrétion : non pas se retirer du monde en
emportant son trésor avec soi, mais briser tout attachement propre en soi en
laissant être (Gelâzenheit) tout
trésor autour de soi. »
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