P as commercial (manifeste)
« C'est l'ironie de
l'âge moderne que les foules puissent se ruer dans des endroits qui, dès
qu'elles y sont, perdent leur attrait et même toute existence. » Philippe
Muray
Ici, nous voulons le
contraire. Comme le nom de mon association l’indique, Le Dispariteur, c’est le
contraire. Ce n’est pas pour être systématiquement hors du coup, mais, au
contraire, parce que nous pensons que
la télévision, la société du flux continu et bombardant des images, c’est cela
qui est hors la loi ; « Faire un pas hors du rang des assassins »,
comme le dit Franz Kafka (saint moderne). Le spectacle se crée en
résonance avec ce qui est. Non pas le bombardement d’un remplissage (de l'avoir plein nos armoires), mais le creux d'un son et lumière.
Rien ne prendra la place de ce qui est. Ce qui est, c’est ce lieu vide et
disponible, cet admirable décor créé par Peter Brook pour ses expérimentations d’alchimiste
et de partage. Le théâtre des Bouffes du Nord est le lieu le plus hanté du
monde (que je connaisse). Nous ne ferons que redoubler cette perfection flottante déjà existante (la vie) comme le fait la machine
fantastique de L’Invention de Morel, le roman d’Adolfo Bioy Casares. Quelques
présences — fantômes ? — hanteront ce lieu « vide comme un jardin
fleuri » (image proposée par l’astrophysicien Michel Cassé). Le potentiel
infini, les plurivers, les murs qui
nous parlent, voilà ce sur quoi nous travaillons. Nous réduisons volontairement
la jauge pour que cette résonance du théâtre même laisse gonfler la voile. (On a
soif d’idéal.) Considérez-vous ici comme nos invités. Vous prendrez bien un peu
de champagne ? C’est une soirée… « Soirée »... mot magique. 1er avril.
« Souvent dans l'être
obscur habite un dieu caché
Et comme un œil naissant
couvert par ses paupières
Un pur esprit s'accroît
sous l'écorce des pierres ! » Gérard de Nerval
Yves-Noël Genod, 13 mars 2014
Yves-Noël Genod, 13 mars 2014
Labels: bouffes
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