Wednesday, April 02, 2014

L e Temps retrouvé


Olivier Steiner
« Regarde, Quelque chose a changé, L'air semble plus léger, C'est indéfinissable... Regarde, Sous ce ciel déchiré... Tout s'est ensoleillé, C'est indéfinissable… » (Barbara.) Il est toujours aussi blond platine sale mélangé, il porte le costume Dior à paillettes, comme un pyjama, la coupe de champagne est toujours là, offerte au public par un beau comédien en smoking no smoking. Tout est pareil mais quelque chose a changé, c'est imperceptible, c'est dans l'air. Plus de pitreries, plus de grotesque (ou très peu), c'est une messe païenne qui commence et recommence. De toute façon, dans ce lieu incroyable, Les Bouffes du Nord, que peut-on faire si ce n'est jouer pour les murs, jouer en mémoire des murs, jouer des Amen et des Alléluia, des Gloria in excelsis Deo ? J'ai toujours aimé le théâtre d'Yves-Noël Genod, parfois je suis fan, parfois spectateur attentif, incrédule ou charmé. Parfois, ce que je peux lui reprocher, c'est le côté entre soi, codé, endogamique malgré le discours exogamique. Là, aux Bouffes du Nord, rien de tel. Yves-Noël nous montre (nous offre) la grâce, ses grâces, l'abandon, quelque chose comme un secret entre les pierres et Dieu, rien que ça. Je sais qu'Yves-Noël adore le mot sublime, « sou-blime », s'oublimer comme s'oublier. Il dit toujours ce mot de sublime en se moquant, de lui-même et de cette idée un peu lourde. Le sublime chez Yves-Noël (chez ou du côté de chez Yves-Noël) n'est pas un qualificatif. Il ne s'agit pas de telle chose ou tel instant sublime, il s'agit du sublime, comme un monde en soi, une chimère peut-être, mais une chimère vers laquelle on peut tendre, qu'on peut regarder. Et si le temps passé à regarder le sublime était le seul temps qui ne soit pas perdu ?

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