P âques 2014
Je ne sais pas ce qu’il
s’était passé, j’avais laissé passer la possibilité d’être heureux. Bien sûr, à y regarder de près, il n’y avait
vraiment pas de quoi se réjouir, mais, après tout, il y avait un remède à la lucidité : la fuite en avant, penser à autre chose, la possibilité du bonheur — et puis, de part cette possibilité du
bonheur, l’émerveillement, l’émerveillement sans fin qui — avec un peu de
concentration, un peu de chance et de foi — s’ensuivait. Par ex, ce matin, une
pomme. Il y avait longtemps que je n’avais pas croqué dans une pomme et ces
pommes qui se tenaient, décoratives, dans le compotier étaient déjà toutes
ridées, il était temps — comment dit Arthur Rimbaud ? « Plus douce qu'aux
enfants la chair des pommes sûres / L’eau verte pénétra ma coque de sapin
» — c’est tellement beau qu’on a l’impression que ce n’est pas français, que
c’est traduit d’une autre langue, beaucoup plus miraculeuse — la langue
peut-être de l’ailleurs, de ce
bonheur fuyant, mais, ce matin, les pommes sûres, comme des femmes, se mirent à
croquer dans ma bouche, une puis l’autre puis une autre encore — les pommes
biologiques — et, à l’heure où je vous parle, je ne me suis pas arrêté —
Labels: paris
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