V ous m'avez fait tellement pleurer de joie de vivre !
Marion Truchaud
Que de frissons au Théâtre
des Bouffes du Nord ce soir... Merci pour le voyage, Yves-Noël Genod !
Bernart Ben Salem
J’aurais aimé revoir votre
pièce ce soir, c'était la derniére représentation et vous offrir une rose de la
part d'Olga Theuriet que vous aviez invité.
Vous offrez beaucoup de votre
générosité dans ce spectacle.
Et autant d'amour.
BBS.
Tamina Beausoleil
Est-ce que ce n'est pas une
des fonctions de la création au fond, la conjuration du sentiment immuable de
la solitude? Vous avez de merveilleux retours parce que votre spectacle l'est —
merveilleux. Je voulais vous dire aussi : le tout début du spectacle, ce
noir dans cet écrin des Bouffes du Nord, m'a évoqué et surtout fait ressentir
un temps d'avant la technologie, un temps de campagne, de nature, de paix, de
ciel étoilé. Extraordinairement apaisant. La solitude ressentie comme telle ce
n'est pas forcément négatif, c'est se suffire à soi-même et vous l'avez dit,
d'ailleurs..
Bien à vous
Tamina
Moni Grego
Tellement de fleurs !...
C’est mon anniversaire et votre dernière dans ce bijou du Nord… Vous venez de
bouleverser le théâtre de ce siècle XXI
avec un geste si aisé, si
léger, si fort… Vous voyez vous avez charmé tous ces cœurs, ces esprits et ces
corps… c’est prodigieux. Votre génie ouvre la porte à tant de beauté, et votre
père est là, ange gardien, visiblement garant de la solidité que votre fatigue
et votre nécessaire fragilité pourraient entamer. Je rêve, toujours à bord de
votre vaisseau spatial, disparue et renaissante, heureuse victime de vos armes
de destruction massive. Je vous envoie cette lettre posthume de Sterhler à
Jouvet. Il me semble que votre théâtre, bien que tellement à vous, continue
leur geste et celui de tant d’autres « grands ». Ce soir vous êtes à un sommet.
C’est un cadeau. Il y en aura d’autres…
LETTRE POSTHUME DE GIORGIO
STREHLER À LOUIS JOUVET
« Cher patron, Je vous écris
une lettre après une répétition pendant laquelle j’ai dit vos mots. Je les ai
dits à moi-même, à Giulia qui incarnait Claudia, aux jeunes gens, et enfin à un
public encore imaginaire. Nous nous sommes nourris avec une grande émotion, et
une énorme gratitude, de vos pensées, et moi, cette nuit, je suis incapable de
vous en dire davantage. Comme toujours les pensées et les paroles sont
confuses, mais les sensations demeurent nettes et claires. C’est vous qui
m’avez appris à ne pas chercher à comprendre « trop » au théâtre. C’est vous
qui m’avez dit : « L’arbre qui pousse ne pense pas qu’il grandit. Il grandit et
c’est tout ». Et pourtant, en moi aussi, comme en vous, il y a ce besoin de
comprendre, de penser au théâtre, à notre métier. « Comment peut-on faire du
théâtre sans penser au théâtre ? », disiez-vous. Moi, j’ai envie d’écrire :
comment peut-on résister pendant tant d’années dans ce métier qui a toujours,
en soi, quelque chose d’infâme et d’indigne, de vain et d’inutile ? Vous avez
résisté, vous, jusqu’à la fin. Je suis moi aussi en train de résister.
Aujourd’hui peut-être j’ai enfin réussi à comprendre ce que vous vouliez me
laisser entendre lorsqu’un soir vous m’avez dit, après une représentation de
Don Juan, lors d’une rencontre informelle que je n’oublierai jamais : « les
acteurs n’ont pas la vocation. Si elle vient pour eux, c’est après. Elle arrive
à la fin. » Dans l’enthousiasme de ma jeunesse, je vous écoutais, et je
comprenais certaines choses. Mais cela je ne pouvais pas le comprendre. Je me
sentais « absolument voué », à ce moment-là, au théâtre. J’étais follement
plein de « vocation théâtrale », d’étonnement, d’amour pour le théâtre. Pourquoi,
pourquoi aurais-je dû attendre « la fin » ? Des années et des années de
pratique sont passées. Et je vous écris pour vous faire savoir que maintenant,
seulement maintenant, j’ai compris. Maintenant je sais ce qu’est non pas la «
passion théâtrale », mais la « vocation théâtrale », qui est pierre et sang.
Patron, je suis en train de vivre, à côté de vous, la dernière épreuve d’amour
que le théâtre me demande. Je suis enfin totalement dépossédé de moi-même. Il
ne me reste plus que Lui, ce feu qui brûle avec une fulgurance insoutenable,
sans flamme. Et sans cendre. Comme un astre qui répand ses atomes dans
l’univers ».
Oh, je lis seulement
maintenant votre mot ! Bon anniversaire rétrospectif, alors ! Merci pour tout
et pour cette lettre émouvante !
Anne
Béatrice Klauck
Bonjour Cher
Magnificateur,
Non seulement
le premier rang, mais la place du milieu !
Ah, quand mes
anges s’occupent de moi…
Alors, je vais vous dire :
Le premier
balcon, c’est siroter un cocktail chic
c’est
accueillir une lente et douce ivresse.
Le premier
rang, c’est une aspiration
c’est être
dedans
c’est un
bain, une irrésistible immersion
un voyage
sensoriel avec la montée
la force d’un
décollage
les papillons
dans le ventre,
c’est être
traversé
littéralement
j’en
frissonne encore !
J’ai
aaaaadoré ! & n’ai jamais, au grand jamais regretté le
balcon !
Même les
départs, ceux qui quittent le navire,
ce bruit
qu’ils font,
je l’ai
trouvé vivifiant & revigorant
comme une
vigilance supplémentaire.
Je n’ai pas
réussi à vous attendre à la fin, j’ai un peu essayé pourtant, mais je ne sais
pas faire, alors une autre fois, autrement, j’ai articulé un merci bravo à
Bertrand Bazin parce qu’il a croisé ma route.
Dans la foule
sur le trottoir, je me suis dit que, dans cette foule, vos acteurs sont ceux
qui irradient, la lumière de la femme camping en jeans, le beau sourire de
votre père dans sa barbe blanche, Gladieux qui dépasse toujours d’une tête …
Là je butine
Rothko,
pas de hasard
sans doute
passer de
votre église des Bouffes à sa chapelle,
être
attentive à la scénographie dont il a enveloppé ses toiles,
l’éclairage,
très bas, le nb de visiteurs, un seul à la fois, la distance à respecter, le
zafu pour s’y assoir,
il avait été
homme de théâtre aussi.
A suivre
donc !
Avec que du
bon pour vous & les vôtres
Anne B
Merci !
Vous me faites peur pour
les gens du balcon, mais, bon... (moi qui rêvais que ça marche à 400, nombre
du soir de la dernière...)
Des bises, Yvno
Ka Tia
Merci infiniment, chère
Katia, pour le soin que vous avez apporté à mon père ! Je l'ai trouvé, à son
arrivée, très fatigué, je me suis demandé si je n'avais pas fait une erreur
d'avoir insisté tellement pour qu'il vienne et je le renvoie maintenant tout
guilleret, en pleine vitalité et avec la sensation qu'il a passé un très bon
séjour à Paris. Je comprends que vous n'êtes pas étrangère à cet état des choses et qu'il s'est
senti très à l'aise chez vous, merci ! Au plaisir de vous croiser un peu
plus...
Bonsoir Yves-Noël, merci à
vous aussi de m'avoir fait confiance. La rencontre avec votre père m'a
absolument égayé. J'ai aimé ce sourire malicieux de curiosité et ses histoires,
sa manière de prendre la vie. C'est ce que vous arrivez, je pense, à animer
dans vos spectacles. C'était aussi une belle curiosité de vie pour moi, de
beaux échanges. Merci aussi pour ce spectacle qui me laisse encore en regard
rêveur et qui va me porter encore un temps, longtemps... Vous m'avez fait
tellement pleurer de joie de vivre ! émotion incroyable...
Merci !
Laurence Mayor
Salut Yves-Noël,
je ne suis pas restée après
ton spectacle, je voulais savourer encore, laisser se déposer les
impressions peu communes et tellement bienvenues...!
Quelqu'un a défini la
beauté comme « l'infini dans le fini », et bien quand tu as dit la phrase : je m'étonne d'être
si joyeux, je me disais : voilà l'infini
! cette joie, qui éclate à chaque
instant dans le fini
du spectacle... Et Cioran ne nous pousse pas dans le suicide parce
que ses pensées attisent avec une précision fantastique, l'incontrôlable
joie qui échappe à toute saisie
!
Je t'embrasse fort
Laurence
Encore une fois, ta
pertinence me ravit, chère Laurence ! Tu m’apprends qqch ! Tu es mon
public idéal…
Labels: bouffes, correspondance
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