L 'Ecole des fans
Impression de comprendre
grave la folie et le génie de Molière (« Jean-Baptiste Poquelin dit
Molière ») ds la mise en scène, mise en planche, mise en sol, mise en
air, mise en 3D de Gwenaël Morin. Sur la route d’Avignon, je me suis arrêté à
Lyon. Arrêt recommandé. A partir de la gare de Perrache, vous prenez le bus C21
qui vous monte au « Point du Jour » ; enfin, hier, c’était férié
soi-disant, alors, après avoir attendu un moment, j’ai pris un taxi, un vilain
taxi qui m’a altercationné. Bon, ça, c’est une part du réel, l’altercation,
mais une autre part, une espèce de réel rêvé, une espèce de paradis sur terre — ouvert à tous (5 €
l’entrée) : une pièce de Molière quasi gratuite, quasi directe, quasi
maintenant et pour toujours. Traitement décapant de tout ce qui n’est pas
seulement ça — comme un tableau dont on enlèverait les restaurations
successives, les vernis, les repassages et les rajouts (toujours bien
intentionnés) pour le rendre à son état neuf, cru, bio. Marguerite Duras disait
(avait dit) d’un spectacle que nous étions allés voir ensemble (à Bobigny, à la
MC93) : « C’est une tentative de destruction d’un texte, mais, comme
le texte est nul, il n’y résiste pas ». Ici, c’est de même, ça apparaît de
même, c’est une tentative de destruction d’un texte, mais comme le texte est
génial et généreux (et Gwenaël aussi), il y résiste haut en couleur, haut en
étendards glacés, haut en « révélations » pures et joyeuses comme des claques. Le théâtre sert à qqch. Il
y a un mystère, ce mystère — dont
parle très bien Gwenaël Morin : « C’est la tragédie sans la
tragédie, c’est un luxe insoutenable pour le commun des mortels ». Mais je pense qu’il parle là
de sa prochaine mise en scène : Ajax, au festival des Nuits de Fourvière,
en plein air. — On a dîné à la Brasserie Georges, près de la gare de Perrache, un décor de Pina Bausch, de Christoph Marthaler. — Gwenaël ne peut pas
être ailleurs que là où il est, il s’en excuse. Il n’y a rien à excuser. « Pouvoir raconter l’histoire
sans en souffrir — et, qui plus est, mon histoire dont je souffre, tu me la
montres. » On parle de l’excommunication des comédiens « déclarés infâmes », on parle aussi de cette remarque d’Antoine
Vitez qui dit à peu près : « Qui résoudra ce mystère ? les comédiens
apprennent les plus beaux textes de l’humanité et ils n’en sont pas changés… »
Gwenaël pense qu’il faut que le comédien soit un peu bête, pas complètement,
mais, disons, pas tout à fait un homme non plus, entre l’animal et l’homme, le comédien, qu’il faut ne pas trop comprendre ce qu’on dit. Je pense aussi...
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