Friday, June 13, 2014

L es Intermittences du cœur


FOMENTATEUR, TRICE, subst.
Personne qui fomente, qui trame quelque chose.

Le vrai problème, c’est ceci : il faut supprimer l’intermittence de la vie d’artiste. La supprimer. Purement et simplement. Moi, je ne travaille que qq jours par an ; le reste du temps, je m’ennuie à mourir. Charles Baudelaire (ce n’est pas que je me compare…) n’a fait que quelques poèmes, bon, et quelques traductions (Edgar Poe) et le reste du temps — de ce temps infini qui heureusement va finir ! — il s’est emmerdé. J’aurais aimé être écrivain pour écrire, être peintre pour peindre, mais je ne sais rien faire que le metteur en scène. Je ne sais faire que ça : des mises en scènes contemplatives d’une sorte de théâtre-nouvelle/ancienne-religion de la beauté, un théâtre chorégraphié, peint, effacé, chanté, évanescent, mystique. Je ne sais pas vivre, je ne sais pas avoir des enfants, des amours, je ne sais pas. Un chat noir vient me voir, quand même, depuis qq temps, par les toits de zinc. Je l’aime, c’est un copain. (Pas repéré son sex.) Je voudrais qu’on me supprime ma vie et qu’on me laisse travailler. Je dors d’ennui, j’hiberne même en été quand je ne travaille pas, je suis comme une actrice qui pleure. Il y en a tant des comme moi, intermittentes de la vie d'artiste. Il disait : « Nous n'avons que du livre à mettre dans un livre… » Le théâtre, ce n’est pas une reproduction de la réalité, c’est un oubli de la réalité. J’aimerais faire du cinéma, aussi, comme Godard. Mais si on enregistre cet oubli, on peut alors se souvenir et peut-être parvenir au réel. C'est Blanchot qui a dit : « Ce beau souvenir qu'est l'oubli ».

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