A griffés
Jane-Gail Lopez
Il me faut trouver les mots.
Ceux qui se sont agriffés au fond de mon corps-cœur. Ceux qui se sont glissés
sous mes ongles ce soir au Théâtre de la Condition des soies. Je cherche à les
écrire. Ils ne sortent pas. Ils sont confinés au creux de mes tripes, je crois.
Ils ont le parfum d'un espoir retrouvé, d'une grâce ineffable, précieuse. Ils
sont ravissement. Indicibles. Ils réclament la pudeur. Alors, je m'en remets au
mouvement. Je penche mon corps, bas, pour saluer votre grâce, votre beauté,
Jane-Gail*
Oui. C'est joli d'essayer.
Mais j'ai senti, en effet — et ce n'est pas là le moindre compliment —, que, la
plupart du temps, ceux vraiment touchés par ce spectacle ne pouvaient pas en
parler ou ne voulaient pas — inutile. L'« intime », qu'est-ce qu'on
peut dire ? Qu’est-ce qu’on en sait ? Toucher des sentiments en deça du
langage, c'est cela l'intérêt... Et, bien entendu, cela passe par le langage
étrange, sorcier, alchimiste et fou-saint des Fleurs du mal... Merci infiniment !
Labels: avignon, correspondance
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