S ome sparks of better hope (quelques notes incomplètes 2)
Bon, ce que fait Clément est
sublimissime, il m’a envoyé un lien, c’est le matin, j’écoute ça. Sara m’envoie
un message de Stromboli, elle est toujours dans le coup, on va plus communiquer
quand elle sera à Naples (aujourd’hui). Et Isabelle où est-elle ? Moi,
j’ai l’impression que ça va être extrêmement difficile, ce projet, tellement
ambitieux. Le cinéma, ça demande du temps et, moi, je m’en fous du temps, je
n’ai aucune patience. Si on pouvait faire le film en un jour pour en être
débarrassé… Non, le film est l’idée de mettre tout de suite la barre très haut,
de faire comme si nous, nous qui ne nous connaissons pas, nous étions le casting
très exact, très précis, avec des costumes et des intériorités très précises,
très exactes, très folles, des gouffres très précis, que nous ayons déjà tout
répété, que nous ayons travaillé ensemble depuis des milliers d’années et que
nous n’avions plus qu’à recueillir la perfection telle qu’on peut la croiser
dans la rue au soleil, ou dans le lit des amants, ou sur les plages de Corse
des familles, là où tout se voit, tout s’abandonne, comme après un concert, backstage, une
porte s’ouvre, c’est l’extérieur, il est de dos assis près d’une caravane
américaine, buvant et fumant et laissant tout s’enfuir — son âme — jusqu’au
étoiles, son âme pour qu’elle gambade.
Problème nous avons, de
voitures. C’est vrai qu’il faut pouvoir ripper de ce trou paumé de Twin Peaks,
décoller à la seconde, pour ça le luxe de la bagnole — où en trouver ? Il
faudrait 4 voitures. Antoine Thiollier voudrait nous rejoindre, qq’un le
connaît ? Homo, sportif, l’air d’un hétéro fluet, une bonne tête avec un air
buté, peut-être orgueilleux, recommandé par une fille que j’adore (du dernier stage), je
regarde ses photos, des textes qu'il écrit, mais je ne sais rien de lui, ce qu’il voudrait faire, ce serait plus facile en se
voyant, mais il arrive à Paris quand j’en pars… point
fort : il a une bagnole ! (mais une 4 places seulement). Et, moi qui me trompe sur les gens. Ce qui est normal, finalement, ça change tout le temps, les « gens ». Ce que vous avez à faire, vous, c'est à multiplier vos identités. A m'emberlificoter. Vous serez dans le vrai. Mentir. Vous cacher. Vous dissimulez entièrement derrière l'apparence (on ne s'occupera que de l'apparence). « Apprends, dit je ne sais plus qui, à apprécier une pensée indépendamment de celui qui la prononce et de sa forme ». L'idéal : des costumes avec personne dedans.
Rassemblez de la matière,
n’importe laquelle, pas seulement des monologues, mais des matières
prises dans la vie (le monologue n’existe pas dans la vie, je le rappelle). Par
ex, ça me revient, hier dans ma rue, d’un immeuble, hurlé : « Arrête
de crier !… Tu arrêtes de crier tout de suite !…T’as compris ?... »
(Etc.) Mais, alors, hurlé ! comme le fait Michael Lonsdale dans India
Song (je me suis pas arrêté, j’étais
pressé). Ou alors cette scène dans un film : qq’un porte un casque de moto
et l’autre lui tape sur la tête avec une branche (avançant). Ou des dialogues
de films, pensez beaucoup à des dialogues de film comme celui sur lequel je
tombe par hasard sur un blog remarquable qui s'intitule : Soyons les plus beaux, extrait de La Collectionneuse d’Eric Rohmer (je ne connais pas le film) (ci-dessous). Et puis William Shakespeare, William Shakespeare, William Shakespeare. La Bible. Richard II.
Apprenez les plus beaux passages, ça peut pas faire de mal. Apprenez des pages et des pages, n'apprenez pas qu'un rôle, mais toute la page comme un poème, tous les rôles que vous pourrez ainsi souffler à vos compatriotes. Fiodor Dostoïevski aussi, des pages et des pages. Mais nous manquent
les épées (sauf celle de l’islam, c’est le nom de Yacine, « épée de
l’islam »), les armures, les chevaux, les tables renversées de château, les
revolvers, les poisons, les nappes blanches et quant à la couleur rouge (sur la
neige), on peut l’imaginer… On cherche la précision, on prépare la
précision ; c’est beaucoup plus facile d’effacer un peu qqch de précis, de
le rendre flou, impalpable, plutôt qu’à partir du flou, du vague de construire de la
précision. Car, comme le chante le poète brésilien : « Naviguer,
c’est précis, mais vivre, c’est pas précis… » Ou bien encore les voix de
radio, par ex, aujourd’hui l’édito de « Libé », l’histoire du jeune britannique
de 23 ans, rappeur ayant été repéré par la télé (« …oui tout à fait il
avait heu il heu il s’apprêtait à commencer une carrière d’artiste heu assez
prometteuse et puis eh bien notamment le quotidien le « Daily mail »
qui rapporte des propos de ses amis eh bien ses amis disent que du jour au
lendemain heu il y a un an eh bien ce garçon s’est radicalisé il aurait été au
contact d’un prédicateur nommé Enjem Choudary heu et puis voilà il aurait PRIS CE VIRAGE… »
« Quoi qu’il en soit,
mieux valait n’être pas né,
Parce que, toute
intéressante qu’elle est à chaque instant,
La vie finit par faire mal,
par donner la nausée, par blesser, par frotter, par craquer,
Par donner envie de pousser
des cris, de bondir, de rester à terre, de sortir
De toutes les maisons, de
toutes les logiques, de tous les balcons,
De bondir sauvagement vers
la mort parmi les arbres et les oublis,
Parmi culbutes, périls et
absence de lendemain,
Et tout cela aurait dû être
quelque chose d’autre, plus semblable à ce que je pense,
Avec ce que je pense ou
éprouve, sans que je sache même quoi, ô vie. »
« — Oui ne rien faire et
penser en ne faisant rien c’est éreintant. C’est vrai, le travail c’est plus
facile. On suit une pente… il y a une paresse du travail, le travail est une
fuite en avant, une espèce de bonne conscience qu’on s’achète.
— Evidemment, vous êtes
l’être le moins paresseux que je connaisse…
— Il y a plus de dix ans que
j’ai pas pris de vacances.
— Oui, bien sûr : vos
vacances sont permanentes.
— Non. Enfin… oui et non, pas
tout à fait.
— Ce qui m’amuse le plus chez
vous, c’est que vous voulez toujours vous justifier.
— Non, contrairement à ce que
vous pensez, j’ai pas du tout mauvaise conscience.
— Vous êtes un menteur, vous
avez mauvaise conscience de n’avoir pas d’argent.
— Écoutez Sam, vous avez déjà
entendu parler des Tarahumara ? Quand les indiens Tarahumara descendent dans
les villes, ils mendient. Il s’arrêtent devant les portes des maisons et ils se
mettent de profil avec un air de mépris souverain. Qu’on leur donne ou qu’on
leur donne pas, ils se retirent toujours au bout d’un même laps de temps. Sans
dire merci. Moi quand je mendie c’est de profil. D’ailleurs on est toujours
esclave des autres. C’est vrai, je trouve moins déshonorant de loger chez un
ami que d’être appointé par l’état. La plupart des gens qui travaillent aujourd’hui
font un travail superflu. Les trois-quart des activités sont déjà des activités
parasitaires. C’est pas moi qui suis un parasite, c’est le bureaucrate, et même
le technicien.
— Si j’avais deux mètres de
haut et un profil d’aigle, moi aussi je me sentirais plus proche de Dieu. Vous
êtes un vrai nostalgique de l’ancien temps, moi je suis bien content avec le
monde moderne.
— Mais je suis aussi moderne
que vous Sam, seulement ce qui compte dans le temps qui vient c’est pas le
travail, c’est la paresse. Tout le monde s’accorde pour dire que le travail
n’est qu’un moyen. On parle d’une civilisation du loisir, quand on y arrivera
on aura perdu tout sens du loisir. Y’a des gens qui travaillent quarante ans
pour se reposer ensuite, et quand ils tiennent enfin leur repos ils savent pas
quoi en faire et ils en meurent. Sincèrement, je crois que je sers mieux la
cause de l’humanité en paressant qu’en travaillant. C’est vrai. Il faut avoir
le courage de ne pas travailler.
— Plus de courage que d’aller
dans la Lune ?
— Évidemment, on peut aussi
aller sur la lune. C’est à la fois fascinant et méprisable.
— Si je dois écouter votre
monologue ce soir, je dormirai ici, sur ce fauteuil. Votre attitude est comme
un petit enfant, qui se sent tout à fait satisfait avec sa vie médiocre. Allez
dans la Lune Adrien. Allez sur Jupiter aussi. Allez vite. Et quand vous y
arriverez, écrivez moi une carte postale, si vous avez assez d’argent pour en
acheter !
— Listen here you’re old
vilain. J’ai toujours regretté de n’être pas riche. Mais si j’étais riche, ce
que vous appelez mon dandysme serait de la facilité. Ça manquerait totalement
d’héroïsme. Or je ne conçois pas un dandy sans héroïsme. »
Labels: stage
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