Thursday, October 30, 2014

P or no romper el hechizo


J'avais revu Ana. Au début, on n'avait pas su quoi se dire, on traversait Paris, on cherchait un café, on restait silencieux. Alors Ana avait dit : « C'est drôle, j'ai l'impression qu'on se retrouve après des années… » J'avais répondu : « C'est aussi mon impression… » Puis le silence, dans la grand-ville, à l'heure de pointe, était revenu. On était comme dans un roman de Patrick Modiano. Et comment être autrement à Paris ? (je me dis). Il n'y a pas énormément de manières d'être à Paris. Il y a celle de Patrick Modiano et sans doute encore quelques autres que, personnellement, je ne connais pas. Elle était au Japon quand elle avait reçu mon message ; elle avait proposé qu'on se voit à son retour plutôt que de me répondre par oui ou par non sans savoir. Je l'avais appelée pour lui proposer du travail. Elle n'était pas libre. Comme j'en parlais comme d'une évidence, elle m'avait dit : « Tu te trompes, je ne suis pas toujours occupée... »  Elle s'était reprise : « Mais comme je vois tout le monde très busy, alors, je me mets à chercher et à me trouver des occupations... » « Eh bien ! je lui avais encore répondu, je vais t’en donner, moi ! » Oui, c'était le problème, à Paris, tout était ou cherchait à paraître ou bien était réellement et cherchait à paraître en même temps — et c'était si facile, à Paris, si facile de se perdre...

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