Saturday, January 17, 2015

U ni


J’ai fait une belle promenade dans Paris aujourd’hui. Sur la façade du Centre Pompidou il y a une belle photo qui imite Delacroix, La Liberté, avec la date du dimanche 11 janvier (plutôt que du mercredi 7). Oui, le dimanche, il s’était passé comme une fête pascale qui avait effacé tous les péchés. J’ai d’ailleurs acheté un livre avec « pardon » dans le titre, un titre étrange pour un livre de Peter Brook sur Shakespeare — ça y est, je l’ai sorti du sac : La Qualité Du Pardon (avec des majuscules partout comme ils font en anglais) — et sur la façade du Centre Pompidou, il y avait cette photo avec le mot : « UNIS ». C’est vrai, c’était pas con, on ressentait cela, ce samedi après-midi à Paris, on avait peut-être tout faux, mais on était quand même ensemble, oui, on avait ressenti ça et j’avais plaisir à me mêler à la foule, à entendre les fragments de conversation en français, oui, c’était aussi beau qu’à l’étranger. La lumière était très belle, je voyais les chantiers nouveaux, les chantiers anciens, je voyais des choses que je n’avais jamais vues de Paris, des choses de maintenant. Pendant longtemps, j'ai vu Paris avec les yeux de Marguerite Duras dont l’émerveillement dans les promenades m’émerveillait ; récemment, ça a été Baudelaire, mon guide, « Paris change ! mais rien dans ma mélancolie / N’a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs, / Vieux faubourg, tout pour moi devient allégorie » ; mais celui qui me fait voir Paris de la manière qui me touche le plus, c’est Patrick Modiano. C’est une journée réussie quand j’ai vu ce que voit ou a pu voir, aurait pu voir, non, j’étais sûr qu’il l'avait vu, cette porte, ce couchant...

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