R icky et la sueur
Ricky me parle d’un suicide collectif (« collective suicide ») dont il a entendu parler. Il vivait, en Californie, dans une famille d’accueil. Un jour ils s’étaient tous fait arrêter et menottes aux pieds, hein ! C’était une famille de dealers. Mais il me jure que ce n’est pas lui qui les a dénoncés. Ils cultivaient des plantes à une assez grande échelle et le fils, son frère d’accueil était chargé d’écouler la marchandise. Le fils avaient tout révélé. Mais non, ce n’était pas Ricky qui avait prévenu la police. Evidemment que non ! Mais, lui, de tout façon, il a horreur de la drogue. Les drogues dures ne lui font aucun effet. Rien. Il n’a aucune odeur corporelle, ça aussi, il l’invente. « Mais ta merde, elle sent pas ? » Il me regarde d’un air condescendant. La merde, si, ne dis donc pas de bêtise. « Et ta pisse, et ton sperme ? — Oui, bien sûr, mais, tout ça, ce sont des fluides, mais je veux dire pas d’odeur corporelle. — Pas la sueur, tu veux dire ? » Oui, voilà, pas la sueur. Rien. La sueur, elle sent absolument rien. Je ne peux pas vérifier, mais il m’assure qu’un de ses amants s’en plaignait. Ses vêtements ne sont jamais souillés, de fait, et lui non plus. Sa sueur, c’est comme de l’eau. Pas de douche, pas de lessive. La personne chez qui nous nous sommes rejoints se plaint du parfum très fort dont il s’est aspergé. Ricky ne va ni au théâtre ni au cinéma, il va toujours « entre les deux ». Il dit : « Quand je serai président du monde, je supprimerai les matins… »
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