C ommuniqué
Yves-Noël Genod prépare pour la rentrée de septembre et jusqu’en décembre, au théâtre du Point du jour, une sorte de « festival d’automne » qu’il intitule : Leçon de théâtre (et de ténèbres). C’est, à partir du noir total, c’est-à-dire, tout simplement, de la métaphore de la fameuse (et dévoyée) « boîte noire », un essai qui se veut instinctif, sans dramaturgie, ou si peu, crédule, presque, un jeu sur le théâtre et l’apparition de sa transparence.
Le projet se déroule en sept épisodes et un épilogue, soit un spectacle toutes les deux semaines (théâtre « permanent » oblige). La première est le 22 septembre. La dernière le 31 décembre. La lumière change, les personnages vont et viennent, les pièces et les livres se feuillettent et s’imposent, les danses s’alourdissent ou s’envolent. Du théâtre, il n’y a que la trace, que la beauté. Il n’y a peut-être pas de spectacle car « la beauté est dans l’œil de celui qui regarde ». Alors, il n’y a rien, rien que du vide qui n’est pas vide.
« Car je cherche le vide, et le noir, et le nu ! » — écrit Baudelaire dans Obsession. Oui, c’est obsédant que de vivre, de mourir, de passer le temps, d’écrire ou de faire du théâtre, de regarder et d’aimer, de toucher, de désirer le réel. Il est conseillé de suivre la « leçon » dans son ensemble. La leçon s’adresse à une troupe de spectateurs. Blaise Pascal écrit dans son célèbre texte sur le divertissement que « le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Ce qu’Yves-Noël Genod se propose, c’est de montrer l’homme en repos dans cette chambre noire du théâtre, cette chambre interne au cerveau humain, ce « parc intérieur », pour reprendre le titre de l’un de ses spectacles à Avignon.
Les spectacles (les épisodes) sont numérotés. Le premier s’intitule : Manuel de liberté. Il ouvre le bal. Il a lieu du 22 au 26 septembre. Il y a trois avant-premières, les 19, 20, 21. Le deuxième n’a pas encore de titre mais aura lieu deux semaines après le premier épisode et ainsi de suite, à un rythme fou.
L’ensemble est l’entrainement à du théâtre dans un monde sans mémoire…
(D’après des propos recueillis d’Yves-Noël Genod.)
Calendrier des représentations :
Du 22 au 26 septembre (plus trois avant-premières les 19, 20, 21), titré : Manuel de liberté
Du 6 au 10 octobre (plus trois avant-premières les 3, 4, 5)
Du 20 au 24 octobre (plus trois avant-premières les 17, 18, 19)
Du 3 au 7 novembre (plus trois avant-premières les 30 octobre, 1er et 2)
Du 17 au 21 novembre (plus trois avant-premières les 14, 15, 16), titré : N°5
Du 1er au 5 décembre (plus trois avant-premières les 28, 29, 30 novembre)
Du 15 au 19 décembre (plus trois avant-premières les 12, 13, 14)
Epilogue : Du 29 au 31 décembre (plus trois avant-premières les 26, 27, 28),titré : Rester vivant.
Toutes les représentations et les avant-premières ont lieu à 20h au théâtre du Point du Jour, 7 rue des Aqueducs, dans le cinquième arrondissement, à Lyon, sans réservation. Prix unique : cinq euros. Avant-premières gratuites.
Blog (pour suivre au jour le jour) :
19 possibles définitions du théâtre d’YNG selon IB (Isabelle Barbéris) :
La tragédie comme théâtre de l’incertitude.
L’exposition non des choses mais des écosystèmes — ne plus isoler les choses. Analyser les polarités (cf. Goethe dans son Traité de sciences naturelles).
Un théâtre où le théâtre (par-delà le costume) est le personnage principal.
Un théâtre de l’économie de l’attention. Qui déroute toute tentative de focalisation et sollicite un niveau « pré-attentionnel » chez le spectateur.
Un théâtre où le contact se réduirait à des « micro-contacts » (également au sens sonore).
Un théâtre qui confronte, met côte à côte la mélodie et le bruit et où les airs (aria) se substituent au dialogue.
Un théâtre de l’incertain.
Un théâtre sans entracte... où il n’y a plus que « de l’entracte ».
Un théâtre sans dramaturgie, où la playlist, les invitations, les guests, le train-train des entrées et sorties ont remplacé toute velléité dramaturgique.
Un théâtre de Merlin et non d’Orphée.
Un théâtre « anamorphosé » (Mylène Farmer).
Un théâtre sans bruit ni fureur.
Un théâtre du « virtuel-actuel » (la notion de Bergson : le virtuel-actuel serait la structure de la mémoire. Un spectacle d’YNG révèle l’oeuvre dans sa virtualité, sans la réaliser).
Un théâtre donc qui parlerait de l’irréalisé.
Etre dans le costume sans se l’approprier : un théâtre où le comédien mesure la distance qui le sépare du costume, de l’intérieur. Fondre (comme Richard II) et se réduire dans le costume « cristallisé ».
Un théâtre où la forme préexiste au contenu — c’est l’idée du kitsch, qui empêche toute dialectique.
Un théâtre qui raconte de manière désordonnée, et plaque non pas de l’ordre mais du « diffus » sur le chaos.
Un théâtre non pas qui propose, mais qui dispose.
Un théâtre entre l’immobilité et le chaos.
Un théâtre de dieux mortels (dans les deux sens du terme).
Bio d'Yves-Noël Genod :
Yves-Noël Genod ne se présente lui-même que comme un « distributeur » de poésie et de lumière ; il n’invente aucun spectacle qui n’existe déjà. Il fait passer le furet « passé par ici, il repassera par là », comme dit la chanson. Il révèle. En effet, pense-t-il, la révolution sera la redistribution des richesses accaparées. Son art a été qualifié de « théâtre chorégraphié ». Ce comédien prétend s’effacer derrière une œuvre qu’il désirerait n’être que traces, mais dans l’optique pascalienne qui dit que : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».
Labels: lyon
0 Comments:
Post a Comment
<< Home