Wednesday, September 02, 2015

C œur de ciel pur


« Sur les poutres historiées, défilent, en bas-relief, des caravanes de dromadaires, des femmes voilées à la tunique drapée, des planètes et des astres, délicatement sculptés. » On entend le coq chanter. Je suis le seul levé de la maison. En ce moment, quoi qu’il arrive, je me réveille à sept heures, excité. Je suis excité par le spectacle que je mets en place. Un grand spectacle noir. A partir du noir, à partir de l’espace, à partir du cosmos et de la poésie. Ne m’intéressent pas les inconscients des hommes, ne m’intéressent que les joyeux animaux de la misère. Les névroses, les peurs, ce n’est rien, Maurice Maeterlinck le disait dans Le Trésor des humbles, le tragique commence à le fin des contes, « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… » Je suis en Ardèche dans un endroit perché, le plus beau du monde, je suis venu pour enregistrer des poèmes de Velimir Khlebnikov. Une petite pause. Je respire. Les animaux sont heureux ici. Nous arrivons actuellement à faire le noir et le silence dans le théâtre. Mais je regrette de ne pas pouvoir purifier l’air. Je regrette que ce théâtre « naturel » que je suis en train de créer subisse la pollution de la ville. Bientôt je ne pourrai, moi, plus habiter dans les villes, plus travailler dans les villes. Hier, je suis allé « fermer les poules ». C’est-à-dire qu’il y a un endroit où il y a les chèvres d’un côté, les poules au milieu, et l’oie, et les brebis de l’autre. Et que tout ce monde-là était si calme, si chrétien (la crèche, l’amour), je suis resté un moment avec elles, les bêtes, avant de rabattre les portes pour la nuit, protéger ce petit monde du loup et du renard.

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