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Hier, j’ai vu, j’ai erré, je suis allé au zoo, figurez-vous, c’est un très beau zoo, il a été refait, il est vide, il est grand, c’est-à-dire pas si grand, il n’y a pas tant d’animaux, on ne les voit pas, ils ont de la place, du coup ils se cachent, ils ont le choix, pourquoi ils viendraient faire les guignols devant les grilles, devant les vitres ? alors il n’y a personne, du coup, ça n’intéresse personne, et puis c’est cher, pour moi c’est gratuit, chômage oblige, alors je suis allé au zoo, plus tard j’ai feuilleté encore Paris est une fête, je me suis dit, il faudrait que je le lise, mais en anglais, c’est mieux, j’ai vu un film aussi, en anglais, un navet, mais avec des belles phrases d’anglais, je faisais l’effort de ne pas regarder les sous-titres, c’est un effort, mais il faut faire un effort, c’est évident, au lieu de râler, il faut faire un effort pour conserver sa liberté, ne pas boire, ne pas fumer, ne pas acheter, ne pas lire les sous-titres, profiter du « capitalisme tardif », j’ai lu cette expression, c’est optimiste, c’était déjà dans le livre de Jean Pierre Ceton, Rauque la ville, j’ai froid un peu aujourd’hui, j’ai de nouveau attrapé froid, hier j’ai été dehors toute la journée, j’ai mangé dans un parc, à dix-sept heures quarante-cinq on m’en a chassé, je n’avais pas fini de manger, je suis allé à la réunion du PEROU, l’association qui s’intéresse à la Jungle de Calais, c’est très bien, je recommande, ils ne disent pas de bêtises, au contraire, ils disent : « Nous sommes obligés de nous fondre au bord de nous-mêmes dans un état de brouillard », par exemple, c’est exprimé comme ça, ils disent que la Jungle qui va être détruite c’était merveilleux, contrairement à tous les commentateurs qui disent que c’est « indigne », il y avait une école, des restaurants, une église, des commerces, une vie, on pouvait vivre dans cette « jungle », il y avait de la vie et — là, ils ont raison — c’est ce qui va être détruit en premier, en premier on détruit l’école et l’église et les commerces et la boulangerie et le coiffeur et les restaurants et l’amitié et puis la vie...