L a splendide actrice

Oyez, oyez ! l’énergie revient à la ville, Lætitia Dosch is in town. Elle a choisi son endroit : le toit-terrasse du Point éphémère, à Stalingrad, où elle dit tout ce qui lui passe par la tête, la violence de la ville autour : intacte — et le métro aérien, les sirènes du gouvernement néo-fasciste et le crépuscule baudelairien (« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. / Tu réclamais le soir ; il descend ; le voici »). Lætitia Dosch aime à rappeler qu’elle a fait mon œil extérieur pour mon premier spectacle d'Avignon : c’est moi qui suis fier ! Très belle et affreusement plastique. Elle parle de la pauvreté contemporaine, mais c’est une vraie fête. D’ailleurs, on boit des coups après. D’ailleurs, j’y suis tous les soirs, c’est bien le moins. Elle voulait que je lui dise ce que j'en pense, elle pensait que peut-être son spectacle manquait d’air. Elle ne veut pas être enfermée dans la forme : elle déforme tout le temps. Non : sur le toit éphémère, le spectacle ne manque pas d’air ! Plein d’air et d’une richesse compacte, compacte et violente, caressante et haineuse comme le luxe. « Seul le luxe est digne de l'homme. Ce qui est bon marché est inhumain », comme aime citer ces phrases Gérard Depardieu, tirées des Gens déraisonnables sont en voie de disparition, de Peter Handke reprenant Bertolt Brecht : pour la révolution actuelle, il faut le bonheur et il faut le savoir, citer ses sources. Lætitia a tout, elle a choisi Zouc comme marraine. Zouc répond à Marguerite Duras qui lui demande si elle a une image pour donner une idée aux lecteurs du « Monde » de ce qu'il s'est passé lors de son dernier séjour psychiatrique : « Oui, j’en ai une : j’étais comme un steak haché accroché à une corde à linge par jour de grand vent ». Voilà, on vous aura prévenu : la douceur-même, Lætitia Dosch,  « un nom qui commence comme une caresse et finit comme un coup de fouet. » Ah, non, ça, c’est Marlène Dietrich et c’est de Jean Cocteau...

Jusqu’au 12, 20h30