FID, Marseille
Le film de César Vayssié dans lequel je joue une scène (attention, pas documentaire, une scène de fiction où je JOUE, ce n'est pas un documentaire sur mon travail avec les acteurs, je ne travaille pas avec les étudiants de la manière dont le fait ce PERSONNAGE certes que j'incarne (mais qui appartient aussi à César) et que je me suis amusé à charger de pas mal de caricatures, je ne vais pas vous raconter lesquelles — et, en plus, évidemment le film est monté, travaillé (scénario, etc.), postproduit, bref, c'est un film d'Art et Essai qui donc, certes, cherche à faire réfléchir le spectateur, le « réveiller » plus qu’à le « divertir » (c’est-à-dire l’entretenir dans ses fantasmes), mais néanmoins un film de FICTION — je le dis parce que, maintenant, on dirait qu'il faut se justifier de tout : j'avais déjà posté cet extrait sur Facebook et les commentaires — que j'avais dû relire plusieurs fois pour bien saisir — réagissaient comme en face d'un fait brut pris au vol par un téléphone portable, comme une bavure policière, par exemple, ça avait été assez effrayant d'apercevoir soudain comme on en était à ce point tout prêt à croire (des années de télé pour en arriver là) que les acteurs au jeu « naturel » (très raffiné, en fait), sont en fait de braves gars et filles qui ignorent qu'ils sont filmés — ce qui donne d'ailleurs au dernier festival d'Avignon la programmation déprimante dont j’ai déjà parlé tournant autour du fait que, pour jouer la fiction de la fiction (puisque c’est ça qui a l’air de les intéresser, les Julien Gosselin — pour se faire comprendre ?), il faut adopter les codes déjà sursoulignés des séries américaines mal doublés et pour faire « passer » n'importe quelle horreur (réelle), par exemple les assassinats de masse des femmes dans le Nord du Mexique (parce qu’on est sérieux), jouer ça à la manière des Feux de l'amour — pour une fois — la seule fois, d’ailleurs — où je faisais quelque chose au cinéma) a reçu deux prix (Georges de Beauregard national et du public).
Violette Villard
« L’exultation de la nuit est une des routes du salut »
César Vayssié croise ici un Zulawski cardinal, l’incandescence de « l’important c’est d’aimer » en sa scène magistrale d’ouverture. L’important c’est la nuit, le théâtre des viscères, l’important c’est de procéder comme Beckett qui abandonne « la tentation de la réthorique » de sa langue maternelle et choisit d’écrire en français, l’escarpé, le diamanté sec, le rocailleux.
L’important c’est l’actrice par son tempo Schneiderien qui dévale dans un non-savoir, remonte belle, puissante de son hébétude, l’important c’est le texte une sémantique pelvienne qu’il s’agit de lécher, palper, en se vautrant, en rampant, en poussant en avant son impuissance, en inventant comment détruire la semblance et faire rien. « Ne rien faire avant d’avoir fait c’est pas possible », interjecte le personnage d’Yves-Noël Genod. Mais j’ai fait, répond l’actrice. — Alors il faut refaire, reprend le metteur en scène Yves-Noël Genod.
Refaire encore « l‘increvable désir », en passer par la défaite, le démantèlement de toute espèce de signe qui pourrait nous faire croire que c’est du faux. Si cela l’était, nous ferions passer « Théo ». Si drôle ce gimmick repris en cassure d’un trop de sens et oui si nous faisions passer « Tais hauts », si nous entendions résonner exactement la musculature du silence sur le visage de l’actrice alors nous plongerions dans l’expérience-limite du jeu où l’on entre dans une prosodie sans fioriture, un certain art de l’écriture de soi, exempt d’ego, de falsification et d’apparat.
Et si c’était cela la vie du jeu : boire de la Badoit dans un verre en cristal, prendre précieusement et définitivement la Badoit pour du champagne !
César Vayssié croise ici un Zulawski cardinal, l’incandescence de « l’important c’est d’aimer » en sa scène magistrale d’ouverture. L’important c’est la nuit, le théâtre des viscères, l’important c’est de procéder comme Beckett qui abandonne « la tentation de la réthorique » de sa langue maternelle et choisit d’écrire en français, l’escarpé, le diamanté sec, le rocailleux.
L’important c’est l’actrice par son tempo Schneiderien qui dévale dans un non-savoir, remonte belle, puissante de son hébétude, l’important c’est le texte une sémantique pelvienne qu’il s’agit de lécher, palper, en se vautrant, en rampant, en poussant en avant son impuissance, en inventant comment détruire la semblance et faire rien. « Ne rien faire avant d’avoir fait c’est pas possible », interjecte le personnage d’Yves-Noël Genod. Mais j’ai fait, répond l’actrice. — Alors il faut refaire, reprend le metteur en scène Yves-Noël Genod.
Refaire encore « l‘increvable désir », en passer par la défaite, le démantèlement de toute espèce de signe qui pourrait nous faire croire que c’est du faux. Si cela l’était, nous ferions passer « Théo ». Si drôle ce gimmick repris en cassure d’un trop de sens et oui si nous faisions passer « Tais hauts », si nous entendions résonner exactement la musculature du silence sur le visage de l’actrice alors nous plongerions dans l’expérience-limite du jeu où l’on entre dans une prosodie sans fioriture, un certain art de l’écriture de soi, exempt d’ego, de falsification et d’apparat.
Et si c’était cela la vie du jeu : boire de la Badoit dans un verre en cristal, prendre précieusement et définitivement la Badoit pour du champagne !
Labels: film
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