Q uatrième
Mes enfants, mes amis, je vous remercie pour ces belles journées instinctives — en fait, quelques heures seulement, mais elles semblent gravées.
Philippe a créé un dispositif de perception, un diaphragme, pour voir quelque chose de vous que vous — par votre don, votre grâce, votre abnégation, votre courage, votre sérénité — bref, votre confiance — permettez de garder vivant. C’est comme un laboratoire (un laboratoire ambulant, une capsule spatiale) et vous en êtes à la fois les expérimentateurs et, à vous-mêmes, les expérimentés, les héros perdus (mais délicieusement perdus, il le faut, dans les ruelles invraisemblables) et les génies qui guident — en secret — comme dans ces contes des Milles et une nuits auxquels Proust fait allusion.
Nous ne savons pas ce que nous faisons, mais nous distinguons le vivant du mort… Nous jouerons à le distinguer bientôt avec la foule des spectateurs.
Nous pensons, Philippe et moi, qu’il faudra doubler (au moins) notre groupe et développer ces scènes de la mousse (ou du nuage ou de la neige ou des plumes d’oreiller…) Peut-être aussi, si nous y arrivons, une première scène de groupe dans la première partie. Je ne pense pas qu’il faille rajouter des solos ou des duos dans cette première partie d’une heure. C’est sa faiblesse, à la fois, mais aussi sa force, cette suite, comme elle est née, de solos et de duos (et d’un seul trio actuellement). J’aime beaucoup. J’aime beaucoup ce que font Aidan et Zacharia, vraiment beaucoup, j’aime beaucoup ce que fait — si on arrive à stabiliser sa matière volatile — Guy avec la boxe, j’aime beaucoup beaucoup Amanda et Simon, puis le trio de Samantha avec Hugo et Arthur, j'aime beaucoup, et j’aime beaucoup Nine, cosmique, et le dédoublement de Simon (je peux aider encore sur cette scène, peut-être plus difficile, il n’y a pas de problème). Ce qu’on a fait paraît peu, mais c’est réel. Il y a quelque chose de sincère.
Bien entendu, les gens que nous allons encore rencontrer devront se placer à ce niveau que vous avez dessiné, sinon ça n'aurait pas de sens, et qui est, après tout, celui de la Callas (« Savez-vous pourquoi les gens m’aiment ? Parce que, moi, je ne triche jamais. »)
Sacré boulot ! comme dit David Foster Wallace (ou Peter Handke, d'ailleurs). Je n’aurai pas le temps de m’en occuper avant le 26 février… Je vais essayer au contraire de tricher un max avec Proust aux Bouffes du Nord !...
Je crois, Iannis, que tu n’as pas reçu mes précédents e-mails (ce qui n’est pas si grave) ; je me suis trompé de Iannis, j’essaye avec cette autre adresse en espérant que ce soit la bonne),
YN
0 Comments:
Post a Comment
<< Home