F ait céleste
Mon chéri, je t’ai laissé en plan — tant de plans laissés en plan… ma vie est décousue —
J’ai vu ton film qui est magnifique (d’ailleurs je voulais le revoir à l’instant, mais j’ai dû me faire un nouveau compte FB, l’ancien s'est bloqué (sais pas pourquoi) et je ne peux pas t’avoir pour ami avec le nouveau, tu en as trop (qu’ils disent), donc je n’ai plus accès au lien, tu peux me le renvoyer ?) Ce très beau film, il est d’une couleur sombre (celle de Nicolas, d’ailleurs) très belle et réelle — et cinématographique —, mais ce n’est pas cette couleur que j’imaginais pour le film des Beautés contemporaines, mais, au contraire, une couleur plus agressivement optimiste, publicitaire (United Colors of Benetton), quelque chose de tellement beau que ce serait transparent comme le vent… Enfin, tu vois, juste des images, pas de narration (sauf du montage). Ultra contemplatif. Plantes. « Toute forme vivante est à la fois forme du monde qu’elle, à la fois, produit et contemple » (extrait d’un entretien sur Diacritik avec Emanuele Coccia qui a écrit un livre sur les plantes). Je pensais que tu étais vraiment la bonne personne, tu tombes souvent sur ce clinquant plein de jus de la vie, quelque chose de baroque, de profus, mais peut-être pas finalement. Tu me diras. Je ne sais pas, il y a quelque chose à faire avec l’optimisme (Macron a piqué ça à Obama). Une sorte d’art de la joie. Nous sommes le monde, le monde est nous-même…
Je t’embrasse,
tu sais je vais à Ouessant (c’est une île) du 8 au 20 (exil politique), j’ai loué une baraque, tu es le bienvenu (avec ton ami si tu veux), l’île est magnifique,
Yves-No
« Or la vie est un ‘fait céleste’, c’est surtout parce que la terre n’est pas un espace opposé au ciel, ce n’est qu’une des infinis astres qui peuplent le ciel : la plante, dans son corps et dans sa physiologie montre qu’il y a une continuité parfaite entre terre et ciel, entre notre planète et le soleil, et que c’est seulement à cause de cette continuité qu'il peut y avoir de la vie, seulement parce que la terre c’est du ciel, et tout sur terre ce n’est que forme et expression du ciel. C’est Copernic qui nous a appris cela, il y a presque 5 siècles, et pourtant nous avons encore du mal à le reconnaître. Si nous avons refoulé la vie des plantes, c’est aussi parce que nous nous obstinons à refouler le ciel : nous sommes des ptoléméens dogmatiques, nous n’avons jamais été coperniciens. Le livre affirme ce qu’on pourrait appeler un panouranisme : tout ce qui est n’est que ciel, et ciel n’est que la matière de tout. »
Labels: beauté contemporaine, correspondance
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