Thursday, May 11, 2017

D ans un sens donc


« Dans un sens donc, les connaissances des plantes ne nous manquent pas : nous disposons d’une quantité inouïe d’informations sur leur vie, leurs formes, leurs propriétés. Mais ces connaissances sont tout d’abord éparpillées entre mille disciplines et savoirs et surtout elles ne sont jamais prises à la lettre. Elles ne sont pas l’objet d’un déni mais d’un refoulement épistémologique. La science biologique, de ce point de vue est responsable dans la même mesure que les sciences humaines. Ou peut-être, la raison principale de ce refoulement est le grand mysterium disiunctionis de leur séparation, l’obsession folle qui nous pousse à séparer — des deux côtés — les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales. Car, reconnaître que l’homme n’est qu’une des infinies espèces animales qui peuplent l’univers (comme Darwin nous a appris à faire) ne signifie pas seulement reconnaître que tout ce qui humain est naturel : il signifie aussi et surtout que tout ce qui existe naturellement est un fait spirituel, participe du logos, de la raison, et de tout ce que l’homme exprime, incarne et articule selon les formes propres à son espèce. L’esprit est partout, car il n’est pas un attribut de tel ou tel espèce, mais l’être du monde. Il ne s’agit pas de combattre le darwinisme, mais au contraire de le prendre à la lettre, de montrer que nous n’avons jamais été suffisamment darwiniens, et qu’il y a beaucoup de conséquences de l’intuition darwinienne qui effraient encore les humanistes mais aussi et surtout les scientifiques. Dans son refus de reconnaître la spiritualité de toute la nature la science contemporaine reste une forme archaïsante d’humanisme. »

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