Tuesday, July 04, 2017

Stan Briche
[…] Je me rends surtout compte que le temps a filé beaucoup trop vite (le fourbe) et que je n'ai toujours pas pris le soin de te reparler ou t'écrire depuis l'Amant. Ne m'en veux pas si j'ai filé de suite après mais, bon déjà je déteste les blablablas mondains post spectacle mais avec les tiens, d'autant plus, je ne supporterai pas, vraiment. Besoin et envie de rester seul un moment, comme suspendu, dans le cocon protecteur et doux que tu sais si bien créer. Laisser un écho à ce que je viens de vivre, le laisser résonner. Bref, là, j'étais ravi de marcher seul dans la ville de banlieue, au bord du périph de nuit sous cette chaleur écrasante. Sinon, que dire ? Oui, j'ai adoré. Je trouve que c'est extrêmement fort et fin ce que tu, ou plutôt ce que vous avez fait là. Comment on entre petit à petit dans cette histoire-là, lue, relue, vue, connue, reconnue depuis des années. Comme pour la première fois. Comme la première fois. Comme cette jeune femme est la fois Duras et une autre. Une pute et une enfant encore. Comme soudain, oui (enfin non, là encore petit à petit, par glissements, mais soudain tout de même), une évidence : nous sommes là, dans cette chambre, avec la ville qui bruisse dehors, la chaleur, les gens. Cette indécence là : je suis dans la chambre avec l'enfant du livre, avec cette fille-là, qui s'assoit à côté de moi, me regarde droit dans les yeux avant que son regard ne se pose dehors, vers les autres, le monde, la vie, sa vie, la mienne. Cet amour-là. J'étais dos à la fenêtre, je voyais les ombres glisser sur le mur d'en face, zébrer les visages. J'aurais aussi aimer revenir pour voir la jeune femme de l'autre côté, en contre-jour, avec la pelleteuse et la ville en arrière-plan. Je pense forcément à ce thème de la Genèse que tu travailles en stage. On y était. La création in situ d'un monde. Face au monde, à la ville. Je dois dire aussi l'intelligence du montage de textes (sauf peut-être un moment, qui m'a paru moins essentiel, en tous cas, sur ce soir là, mais je ne saurais plus te dire lequel). Et cette fin, Chopin, l'obscurité, le silence, l'effroi, les larmes de ma voisine. Bref, félicitations à tous les deux ! J'espère que vous aurez d'autres occasions de montrer ce sublime-là, encore et encore. des bises et à bientôt j’espère ici ou là.
(Je ne me relis pas, j'ai la flemme, et je trouve que les gens disent des choses tellement belles sur tes spectacles — je vois ça sur ton blog — que ça m'intimide presque de te dire ces quelques mots)

— Ils sont superbes, tes mots — et superbement gentils comme tu es, mon brave ! Juste, sur le montage : il n'y en a pas, en fait, c'est l'écriture, c'est Duras qui l'a fait, le montage. Il n'y a que deux parties que Yuika a choisi, la scène de la rencontre qui enchaîne avec la garçonnière et la fin, le bateau. On n'a pas coupé. Je lui ai juste fait rajouter deux small paragraphes pour le début (« J'ai quinze ans et demi ») pour ne pas qu'elle entre directement dans la limo, un petit seuil. Envie de toi plus souvent !

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