C réer un chœur
Le spectacle sera (forcément, à cause du manque d’argent pour de la construction de paysages ou l'apparition d’animaux vivants ou empaillés, etc.) un spectacle lumière et musique. J’insiste comme je l’ai déjà fait sur la présence de Philippe au plus près du commencement. Ce qu’il faut aussi, c’est s’imaginer un chœur de nous qui travaillont à ce projet et ensuite des spectateurs qui aussi devront — c’est affreux, mais c’est comme ça — eux aussi y travailler (en espérant qu'ils ne s'en rendent pas compte). Tu travailleras à la sueur de ton front (ou de ton sexe, dit Pierre Guyotat). Voici, ci-dessous, les notes que j’ai prises de Philippe au bout du fil l’autre jour à Vézelay. J’insiste aussi sur le fait d’avancer sur la production. On a un tel travail encore ! Ce serait bien de trouver un théâtre qui dise : « Nous on le fait ! on le produit (en producteur principal) ». Ça permettrait de dégager ce temps qui nous manque. Personnellement, je suis extrêmement lent. Ou très rapide. Si on me dit le spectacle est dans quinze jours, ça me va très bien : je trouve les solutions. Sinon je suis très lent. J'ai travaillé avec une troupe (théâtre du Radeau) où on a passé parfois un an à la table avant de monter sur le plateau (puis ensuite presque un an encore sur le plateau). Travailler, c’est sérieux. Soit c’est intuitif et ça va très vite, soit c’est lent. On a choisi la manière lente, mais, pour le moment, par défaut, parce qu’on a tous des choses à faire. Il faudrait de l’argent pour pouvoir ne faire que ça — au moins pendant des moments, des sessions. Pedro qui est un génie a des kilomètres de la matière « Genèse » déjà produits. Il m’a fait écouter — entre Wagner et Ravel — des choses sublimes. Tout l’intérêt de cette nouvelle production, c’est le chœur que nous formerons, qui produira un spectacle qui ne ressemblera pas à ceux déjà explorés par Pedro (qui y ressemblera forcément, mais d'une manière inédite), cet ensemble qui ferait idéalement qu’on ne sache plus qui fait quoi. « C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque », dit Kafka à la fin d'une phrase sur la splendeur de la vie souvent reprise dans les spectacles du Radeau (mais que je n'ai pas entière sous les yeux). On ne devrait pas savoir qui est la naissance de quoi, lycée de Versailles, on ne devrait pas savoir si c’est la lumière qui commence ou la musique, si c’est l’idole ou la robe… Aussi, on devrait comprendre que cette histoire est pour les agriculteurs ! Pour cela il faut beaucoup de synergie, de disponibilité au miracle — mais à rien d’autre, radicalisme, aucun compromis, le miracle sinon rien (donc prévoir le rien). C'est l'imagination qui permet le miracle. Il faut entraîner un gros producteur, le convaincre que le spectacle coûtera de l’argent (lumière, dispositif sonore 3D) et son temps d’élaboration mais qu’il n’en aura pas l’air (d'en avoir coûter), c'est le truc.
Philippe :
Un spectacle lumière et musique ; la lumière et la musique raconte la même chose ; il faut voir la lumière comme de la fréquence, elle s’arrête pas à la rétine, elle traverse le corps aussi — et aussi elle est dans l’inconscient collectif. Partir de la sensation de la lumière pas de son spectacle. Partir d’elle comme un matériau qui traverse tout le monde. La lumière, c’est une forme d’onde. Incidence sur le corps et sur le décor. La beauté plus dans le cœur de chacun que dans l’esthétisme. La lumière qui vient de l’intérieur de chacun. La lumière transmet ce message-là aussi transmis par le chant, la musique et par la présence de tout le monde parce que ça fait un chœur aussi. Lumière autant sur le public que sur le plateau, un seul espace, pas de différence entre la perception physique de la lumière par les chanteurs et celle des spectateurs (ce qui est difficile à réaliser à cause du manque d’accroches du côté salle). Qu’on touche, spectateurs et chanteurs, ces sensations de « premières fois ». Pas une chose spectaculaire, mais qui touche vraiment les gens. Un état grâce à la lumière pour les mettre dans une écoute de la Genèse. Que la lumière se créé avec. (Ne pas arriver à la fin comme d’habitude à l’opéra et ne plus pouvoir ne faire que des tableaux.) Trouver des moments à trois (aussi à deux, Pedro et Philippe, si trois est difficile) pour parler, prendre des notes...
Yves-Noël
Labels: adam&eve
0 Comments:
Post a Comment
<< Home