Saturday, October 14, 2017

D e lourds rideaux d’atmosphère noire


« L'écriture, elle est là, toujours prête à hurler, à pleurer, on ne l'écrit pas. Ce sont des émotions de cet ordre, très subtiles, très profondes, très charnelles, aussi essentielles et complètement imprévisibles, qui  peuvent couver des vies entières dans le corps.  C'est ça, l'écriture. C'est le train de l'écrit qui passe par votre corps. Le traverse. »                   
                                                                   
Je suis sorti à l'entracte du spectacle de Lupa, Des arbres à abattre, à l'Odéon, et je n'en ai même pas honte. Je ne pensais pas voir ce spectacle, mais des amis m'ont appelé, il y avait une place à 10€ qui s'était libérée, l'Odéon est le plus beau théâtre de Paris (les Bouffes du Nord le plus beau théâtre du monde), bref, excitation. Mais j'ai trop dormi dans cette première partie, j'étais sans doute trop loin, en fond de loge au premier balcon. Qu'est-ce que c'est ? C'est excellemment joué, donc, ça, ça fait toujours plaisir (mais j'étais trop loin). Qu'est-ce que ça raconte ? Eh bien, ça raconte une mise en scène venue d'un pays néo nazi  d'une pièce ou de l'adaptation d'un roman plutôt je crois d'un autre pays néo nazi. La Pologne. L'Autriche. Bien sûr, il est censé être question de dénonciation. Mais la dénonciation, n'est-ce pas la même chose que l'énonciation ? Words, words, words. Dehors, la pollution. Même effet que cet été à Avignon : pourquoi le spectacle ne parle-t-il pas de l'attentat de la nuit dernière ? pourquoi ne parle-t-il pas de la pollution (mais semble dénoncer « autre chose ») ?

J'aurais pu y entrer. C'est une question de disponibilité, de contexte. On est disponible ou pas. En ce moment, je travaille sur Proust et le problème, c'est que ça ternit à peu près tout, Proust. Pas tout non plus. Ça ne ternit pas les spectacles de Peter Brook, par exemple, ça ne ternit pas tous les travaux qui relèvent de cette notion apparement inusité si on lit les journaux, si on regarde les programmations des théâtres de gauche : le cœur. (Vous vous souvenez de la phrase de Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand : « Vous n'avez pas le monopole du cœur », une phrase qui avait fait mouche et qui continue d'être vraie parce que les théâtres administrés par la gauche croit toujours avoir le monopole du cœur et par conséquent n'en ont aucune idée. Des spectacles avec du cœur, il y en a forcément, mais il faut les chercher dans cette forêt d'arbres à abattre. Le dernier que j'ai vu — infini —, c'est Vous méritez un avenir meilleur (quel beau titre !), le spectacle sur la Traviata de Judith Chemla et Benjamin Lazare. 

En une de « Libération » je lis une phrase sur le silence assourdissant des politiciens en particulier des ministres de la santé et de l'environnement à propos de la pollution aux particules fines qui nous rentre dans les bronches depuis une semaine. Les politiciens n'en parlent pas ? Parce que c'est réel. Le spectacle de Lupa n'en parle pas ? Même raison. 

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