P as le rôle
Je ne vais pas faire le rôle. Je suis désolé. J’en avais l’intuition, mais tu as insisté si aimablement d’ailleurs. J’ai enfin regardé le film, même deux fois, ici, à Vézelay où je suis en résidence, et ça été très dur parce que ce cinéma est tout ce que j’abhorre. Que du toc (bien sûr, ce toc est ici justifié pour « faire théâtre »), que du carton-pâte pour évoquer des horreurs réelles, je trouve ça médiocre, indécent. C’est sans doute — de loin — le plus mauvais film de ce cinéaste (je ne les ai pas tous vus). Seule l’histoire d’amour est belle qui se dégage finalement de tout ce fatras et peut-être, un peu, le rapport à l’enfant comme à lui-même. Je comprends que ce cinéaste ait cherché à faire grand public, cinéma populaire, bluette, et comme acteur pourquoi pas, mais alors ramené au théâtre, non. Le rôle de Lucas Steiner est très facile à jouer, mais, au théâtre, je ne pourrais que m’ennuyer à le faire et même cela finirait par me dégoûter comme la vision entière de ce film me dégoûte : des gens qui jouent aux Juifs, qui jouent aux résistants, des images d’Epinal, des « bons souvenirs ». Ça ne correspond en rien de ce que je vis du théâtre. Ni ce que je vis de cette période quand je lis Modiano (sublime). Désolé de faire faux bond si près de la date du début, mais je sais (d’expérience) qu’on trouve toujours — puisqu’il le faut — une idée plus forte quand un acteur se désiste. C’est ce que je te souhaite, cher bel ami à qui je manque, désolé...
Labels: correspondance
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