Wednesday, March 14, 2018

A vec Amélie


Il m'a rendue triste, ton spectacle, dis moi que ce n'est pas le dernier ?
Je t'embrasse. Mais où as tu déniché ce comédien capable de tout jusqu'à l'épuisement ?!

Triste ? Oh, mon Dieu, il faut que tu m'expliques. Je m'en rends pas compte. Bien sûr, c'est une tragédie... Peut-être la représentation d'hier était-elle triste. Pour nous, c'était en fait, plutôt qu'une première, la dernière. Ou peut-être aussi cette dispersion du public. Jusqu'à maintenant tout ce que j'ai fait, c'était plein à craquer. Mais, là, on  ne sait plus comment atteindre les gens, Facebook ne diffuse plus et je m'aperçois que ça fonctionnait vraiment là-dessus. Tout le monde est isolé, submergé d'informations... On s'est immergé — avec Aidan surtout — dans cette matière d'une manière intensive depuis deux mois (ce qui est bien peu, d'ailleurs). Aidan, je l'ai formé ! C'est bien la première fois (enfin, d'une manière intensive comme ça). J'ai senti qu'il aurait la ténacité, qu'il ne lâcherait pas. Au début il était terrorisé. J'ai pensé que comme il y avait incroyablement peu d'argent, la manière de travailler était sans doute avec une personne qui en aurait l'envie, l'ambition (et en étant très peu payé de toute façon). Je l'ai rencontré l'année dernière, au moment de La Beauté contemporaine. Il a une énorme ambition (et talent), donc je pouvais insister. C'est la première fois que je fais travailler quelqu'un. On a le projet, à Lausanne, à l'Arsenic (les 1er, 2, 3  et 4 novembre) de continuer ce travail, ce qui donnerait sans doute un spectacle de quatre-cinq heures…

Je t'ai fait un papier que Caroline Breton trouve beau et juste. 
Tu me rassures. 
Il y avait là comme des adieux !
Et oui le nouvel algorithme de Facebook ne montre rien.
J'ai beaucoup aimé ton spectacle !

Il est très subtil (et très précis), ton papier, merci beaucoup ! Oui, peut-être, hier soir, il y avait un côté cérémonie funèbre (et un peu religieux, c'est une note que j'ai faite à Aidan (un défaut) : « un peu la messe », je l'ai senti). Tu sais, il faut que je t'avoue, j'ai toujours (ou très souvent) la sensation que je présente mon dernier spectacle. C'est un tel boulot, il faut faire face à tellement d'opposition pour que quelque chose comme ça puisse exister (malgré le soutien et la bonne volonté de tous), je me dis toujours : impossible qu'il y en ait un autre. En fait, ça vient aussi du faible nombre de propositions. Là, on se raccroche à celle de Patrick de Rham, enthousiaste (mais sans beaucoup d'argent). Et je me raccroche aussi à l'ambition et à la jeune énergie d'Aidan qui est, en effet, comme tu l'as bien remarqué, un avatar. Quelqu'un qui fait ce qu'il veut, mais qui me permet aussi de faire de que je veux (commen toujours quand ça se passe bien entre un interprète et un directeur). Je t'embrasse, chère Amélie, merci encore !

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