Saturday, October 13, 2018

B onjour Jonas


Bonjour Jonas, 
Je propose comme titre :  La liberté est-elle interdite ?
Les horaires, tout ça, le nombre de participants, etc. il faudrait en discuter (je n’ai pas d’avis spécial, je dois dire, faites comme c’est mieux pour vous), la salle doit être la plus belle (pas un placard, s’il vous plaît), l’acoustique doit être bonne, voire très bonne (mais c’est si rare, je sais). Les élèves, si possible : ceux qui sont motivés (j’en avais rencontrés, vous vous souvenez). Si possible, pas les autres.
Les objectifs pédagogiques, je n’en ai jamais rédigés, on l’a toujours fait pour moi. Le mieux alors serait que vous le fassiez vous aussi, vous sauriez les termes…
Le contenu tient dans le titre. Qu’appelle-t-on être libre sur un plateau, devant une caméra, est-ce que trouver a à voir avec la liberté, qu’est-ce que la liberté, n’y-a-t-il pas d’autres noms ? (« j’écris ton nom ») Qu’est-ce que c’est, respirer, vivre, être ? Qu’est-ce qui compte, ne compte pas ? Qu’est-ce qui est facile, difficile ? Qu’est-ce que s’immerger ? Qu’est-ce que savoir et ne pas ? Qu’est-ce que la présence, l’absence ? Qu’est-ce que « l’esthétique de la disparition » ? Qu’est-ce que perdre, se perdre, gagner ? Qu’est-ce que se souvenir de ne pas oublier d’être négligé, (sloppy) ? Se souvenir de perdre. Se souvenir d’être mort. Qu’est-ce qu’apparaître ? Alors. De tout ce désastre. Qu’est-ce qu’après ? Le réel ? Qu’est-ce qu’après le réel ? Oui, non. Etc.
Je n’ai jamais donné un stage en deux jours. Il faudrait deux mois — ou deux semaines — à condenser en deux jours. Mais j’ai souvent fabriqué des spectacles en deux jours. Pour cela, il faut sans doute — je n’en sais rien, après tout, mais j’imagine — beaucoup rêver en amont et, au moment imparti, avancer presque en temps réel, ce qui est là, les rencontres (de hasard donc) sont les bonnes ; il n’y a pas de temps pour changer de geste. Le spectacle se fait en temps réel en faisant confiance à ses intuitions. (Tout le travail consiste ensuite à retrouver ce qui a échappé — sans contrôle — la première fois.) Si les étudiants pouvaient jouer ce jeu : non pas tourner autour de la piscine ou discuter autour d’une table — ce qui pourrait d’ailleurs être très agréable — ou prévoir la délivrance d’un enseignement, mais considérer que tout cela n’a rien à voir avec l’apprentissage, en fait, qu’il n’y a rien à apprendre, mais directement à trouver — ou, plus simplement encore, vivre. Il sera demandé aux étudiants de venir dans cette disposition : être prêt. Deux jours, mais seulement deux jours. Pas d’après, pas d’avant. Confiance vraie.
Yves-Noël Genod
Bien à vous, 
Yves-Noël

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home