D évotion pour les fleurs
Un jeune peintre coréen de quatre-vingt-deux ans expose chez Perrotin, Kim Chonk-Hak, l'expo s’appelle Vitality et ça l’est, vital, et sublime avec ça, célébration bouleversante de la nature, entre David Hockney et l’art brut, pour aller vite, dévotion pour les fleurs, insectes, herbes sauvages.
Un film sublime encore demain samedi à 15h30 au Forum des Images, Un tournage à la campagne, réalisé d’après les rushes du film Une partie de campagne, de Jean Renoir, rushes qui avaient été déposés à la Cinémathèque dans les années 60. Un des plus beaux films que j’ai vu de ma vie (toujours dans ce festival merveilleux, le Cinéma du Réel). Dans le film, on voit Sylvia Bataille. Tomber amoureux de Sylvia Bataille. Sylvia Bataille, c’est l’ombre de la plus jolie jeune fille en fleur que j’ai jamais ressentie (ici, au naturel, en train de faire son métier, c’est-à-dire de vivre). Sylvia Bataille était la femme de Georges Bataille, elle a entamé une psychanalyse avec Jacques Lacan et est tombée amoureuse de lui (à l’époque où l'on pouvait encore coucher avec son psy) avec qui elle a vécu ensuite. Jacques Lacan a élevé sa fille, Laurence Bataille, et j’ai passé du temps dans la maison de l’île de Ré qui appartient maintenant à la fille de Laurence. C’est là que j’ai rencontré Héléna Villovitch (cette amie lui avait prêté cette maison), c’était en février, l’île était pleine d’oiseaux, au trois-quart recouverte d’eau, j’ai écrit un texte (une commande de Jérôme Mauche) sur un homme et une femme qui se rencontrait sur une île dans la maison de Jacques Lacan et de Sylvia Bataille et je l’ai lu au musée Zadkine devant Edouard Levé qui m’a dit : « Je suis content d’être venu parce que je suis en train d’écrire un livre très dur sur le suicide et je vois qu’on peut aussi écrire sur l’amour… » Mais Jean Renoir, c’est aussi, on ne cesse d’y penser, le fils d’Auguste Renoir, et c’est tout un monde de merveilles et de naïvetés — et de lumière — et d’herbes sauvages qui s’allument, mis en mouvement. Vitality. Curieusement, j’ai aussi pensé à une phrase d’Eric Zemmour entendue à la télé. Contre une féministe, il disait : « Mais croyez-vous que vos mères et vos grand-mères étaient plus idiotes que vous ? » Non, c’est vrai, les mères et les grand-mères des féministes d’aujourd’hui n’étaient pas plus idiotes, je ne sais pas si elle l’était moins (je ne le crois pas), mais elle ne l’était certainement pas plus, en tout cas pas chez Jean Renoir, pas Sylvia Bataille, ce film est une merveille absolue qui fait penser, pour revenir à une citation plus honorable, à la phrase de Gilles Deleuze et de Félix Guattari : « Le climat, le vent, la saison, l’heure ne sont pas d’une autre nature que les choses, les bêtes ou les personnes qui les peuplent, les suivent, y dorment ou s’y réveillent ». « Une espèce de tendresse pour tout », répète Sylvia dans le film.
J’ai aussi vu un deuxième film de Kevin Jerome Everson dont je vous avais parlé l'autre jour, absolument sublime, lui aussi, inouï, réel, absolument artistique, Kevin Jerome Everson est un artiste absolu. Ce deuxième que j’ai vu — après The Island of Saint Matthew — s’appelle Tonsler Park. Il reste deux jours à ce festival où j’ai vu encore plein d’autres choses merveilleuses (et aussi ailleurs dans Paris) dont je n’ai le temps de parler.
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