Sunday, March 03, 2019

D eath of a Ladies' Man


La sexualité existe-t-elle ? je me le demandais, tout était tellement beau ici, tellement déballé, on se croyait chez Proust, bien sûr, en tout cas, ça lui aurait tellement plu, j’en étais sûr, les plus belles filles, les garçons les plus gentils (montrant patte de velours), les filles comme des sorcières absolues, sublimes, nues, d’une jeunesse et d’une beauté dans des robes absolues, vous dis-je, pas de celles qu’on trouve dans les boutiques, non, dans les magazines, des pièces uniques, prenant la pose, sachant tout faire, dans des robes transparentes, et l’image reste, des deux seins, les visages se mélangent, l’hôtel s’appelle Le Grand Amour, pas un seul homosexuel dans la place, je ne vois pas comment ça pourrait être possible (de l’être) avec tant d’offrandes à l’étalage, des filles non féministes, non castratrices, non misogynes, non sexistes (etc.) (ou peut-être tout ça, mais sans que ces mots n’aient de sens — ce qui est d’ailleurs le cas, bien sûr que ces mots n’ont pas de sens), ah, si, Vincent Doré, bon, non, enfin, on ne va pas parler des homosexuels ici, retiens-toi Genod, faute de goût, sauf Vincent Doré, Vincent est un monde à part qui représente beaucoup de choses à disposition, à l’étalage, lui aussi, lui particulièrement, fermons les yeux sur Vincent Doré, reprenons sur les robes, les robes transparentes, proustiennes (Proust apprend à qui veut à regarder le monde par transparence), on me laissait la bouteille de vin, du Marsannay (avec le prénom Anne dedans), ça me plaisait, un Bourgogne assez léger, les serveuses jouaient à être si gentilles comme en avion, j’avais envie de vivre, de nouveau commencer ma vie, d’aimer une femme, par exemple, tout s’ouvrirait à nouveau, aimer Grace Hartzel, par exemple, puisque cette fille a un nom, une existence, je faisais remarquer à Dominique comme cette fille était belle (pour excuser sans doute mon regard toujours détourné) et elle me répondait que c’était elle qu’elle avait photographiée récemment, mais avec quelques secondes de doute avant d’aller la saluer sous mes yeux tellement cette fille, ce soir-là, était belle, c’était elle que j’avais en face de moi déjà à l’apéro tout à l’heure et maintenant au dîner aussi dans mon champ de vision — hasard ? signe ? —, séparée de moi par une vague barrière de fleurs fraîches (et consentantes) que mes yeux surmontait en jouant à saute-mouton, sans difficulté manifeste, c’est elle qui avait les deux seins non protégés par un tulle, elle était sublime, je dois dire, une liane, une peau, des yeux, des cheveux, l’enfance, on peut regarder à l’infini ce qu’on ne voit jamais de si près, la mer, le feu, le glacier, la nuit, la mort, Dominique l’avait photographiée dans le parc de Saint-Cloud, mais elle me disait qu’elle était moins belle ce jour ensoleillé qu’elle l’était ce soir, de cela j’en étais certain, j’en étais certain, réveillée trop tôt, Camille disait d’elle-même qu’elle était une provinciale-internationale, mais pas une parisienne, ce que j’approuvais, sur le vin, l’étiquette à l’arrière de la bouteille me disait maintenant : « Sans collage, Sans filtration », ce que je trouvais très élégant, tous ces gens étaient des somebodies, en fait, je réalisais, names, names, names, et pourtant je n’étais nullement gêné d’être parmi eux, pique-assiette, et Vincent Doré in extremis me soufflait : « Il ne faut pas être maudit », il y avait des fleurs dans des vases, très jolies fleurs, pastel comme les jeunes filles en-veux-tu-en-voilà, il suffit de savoir où elles sont, elles existent, les plus jolies jeunes filles que la terre ait jamais portées, regarder, regarder, regarder, j’écrivais sans regarder tellement il y avait à regarder, Emanuele Coccia aussi était là (comme dans un rêve), La Vie des plantes, de si beaux visages que je ne reverrai jamai

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