Saturday, March 30, 2019

L e Brésil


Je lis dans 21 leçons pour le XXIe siècle de Harari que « l’humanité toute entière constitue désormais une seule et même civilisation, où tous partagent opportunités et défis communs » (et il le prouve). Pourquoi donc alors ce repli sur les « identités » (ethniques, sexuelles) et les nationalismes ? Je rencontre la très belle Ana Pi et sa mère (et une amie à elles), sa mère est en post-doctorat à Paris XII, elle a obtenu une bourse pour être en France jusqu’en décembre. Je parle de la situation, Bolsonaro, au Brésil, je lui dis que je pense toujours beaucoup à elle, Ana, ou à Wagner, comment vit-elle la situation ? Et Ana me dit une chose intelligente et étrange, elle dit : « C’est mondial, cette situation, tu es d’accord ? (la montée des nationalismes, je suis d’accord), alors, je me dis que NOUS, c’est ce que nous vivons depuis 519 ans et que nous savons comment gérer cette situation ». Et sa mère renchérit : « Il faut mieux penser comme ça, sinon… » Je finis sa phrase : « sinon c’est la tête dans le mur ! » C’est intelligent, sûrement, de voir qu’il y a des cycles qui dépassent les générations, mais ce « nous », comme je n’étais pas sûr de cette date précise qu’elle disait — à un moment je répète : «  depuis 500 ans », et elle me reprends : « depuis 519 ans »  —, je ne réagis donc pas. Mais je vérifie en rentrant que 1500 est en effet la date officielle du début de la conquête du Brésil. Mais ce « nous », c’est donc « nous qui étions là avant l’arrivée des Européens » *. Mais Ana définit plusieurs fois son appartenance au groupe non des Amérindiens, mais des Afro-Américains, les descendants d’esclaves déportés d’Afrique. J’aurais dû lui demander pourquoi elle ne retournait pas en Afrique, et aussi s’il n’y avait pas une contradiction que sa mère professeur accepte une bourse dans une université européennes. Bref, je ne comprends pas. Ana Pi est la personne la plus merveilleuse, la plus belle que je connaisse. Elle a, par ailleurs, ce même soir, été tellement aimable avec moi, comme elle l’est toujours. Elle représente la grâce absolue.



* Mais c'est peut-être aussi, ce nous, incluant les Européens : nous tous, au Brésil, qui vivons ce rapport de violence de la colonisation depuis 1500.

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